Vous trouverez ci-dessous ma question écrite du 15 avril 2015 ainsi que la réponse du Ministre :
Le 3 mars dernier, le Sénat organisait un colloque sur l’avenir de la recherche scientifique en Belgique sous la Présidence du prix Nobel de Physique Monsieur François Englert. D’éminents orateurs de tous horizons (Commission européenne, chercheurs étrangers et belges, coordinateurs de PAI et responsables institutionnels) ont pu faire le point sur l’organisation et le financement de la recherche scientifique dans notre pays, un secteur dont les responsabilités sont réparties entre le niveau fédéral et les entités fédérées, et sur lequel pèsent bien des incertitudes.
En effet, le gouvernement fédéral a inscrit dans son programme (point 5.3.3. de l’accord de gouvernement, page 105) : « (. . .) le SPP Politique scientifique est supprimé. Il est intégré ailleurs comme direction générale. (. . .)A la mi-2015, le gouvernement rationalisera les flux actuels en vue de réaliser des économies nettes. »
Aussi, les chercheurs ignorent s’ils bénéficieront encore demain d’un quelconque soutien et s’il subsiste, quelle en sera la forme. Concomitamment, ils mettent en garde contre une fuite de nos « cerveaux » vers l’étranger.
Les inquiétudes portent également sur les pôles d’attraction interuniversitaires (PAI) qui seraient supprimés en 2017, bien qu’ils constituent l’unique et précieux programme de financement fédéral permettant aux universités du nord et du sud du pays de travailler en réseaux et de contribuer ainsi non seulement à notre excellence mais également à son rayonnement international. Mais si la suppression des PAI se confirme, il semble difficilement envisageable de poursuivre les collaborations engagées entre les chercheurs. C’est d’ailleurs en ce sens que plus de 5000 chercheurs belges et étrangers ont remis au gouvernement Michel une pétition en octobre dernier. En vain.
Aujourd’hui, nous devons constater que ces inquiétudes restent fondées.
En novembre 2014, en commission, vous nous aviez rassurés sur votre volonté de continuer ce programme. La forme envisagée semblait être de développer davantage les projets intercommunautaires au-delà de 2018 qui existent déjà au FNRS.
Cependant, le gouvernement n’avait pas encore statué sur la question de l’allocation des montants transférés vers une tentative de poursuite des PAI.
Aujourd’hui, les portes du fédéral se confirment bel et bien fermées à la recherche scientifique. L’inquiétude des chercheurs a encore grandi lors du colloque au vu de l’absence des représentants des Ministres fédéral et flamand…
J’en viens à mes questions.
— Pouvez-vous nous rassurer sur l’utilisation des montants transférés ? Les montants « PAI » seront-ils alloués en intégralité aux projets intercommunautaires ?
— Quel est le résultat des contacts pris par le FNRS auprès de votre homologue flamand ?
— Avez-vous pris des contacts avec votre homologue flamand, M.Muyetrs, afin d’œuvrer de manière conjointe ? Dans tous les cas, que savez-vous de la direction actuellement privilégiée par ledit homologue flamand ?
— Ne pensez-vous pas que la meilleure manière aujourd’hui de passer l’obstacle de la défédéralisation de la matière en vue de préserver l’outil remarquable que constituent les PAI soit la réalisation d’un Accord de Coopération avec la Communauté Flamande, voire avec l’ensemble des pouvoirs subsidiants de la Recherche Scientifique post-réforme de l’Etat ?
Réponse : Le lourd agenda de notre Commission Enseignement supérieur et Recherche le 3 mars dernier m’avait, hélas, empêché de participer au colloque consacré à l’avenir de la recherche scientifique en Belgique qui se tenait au Sénat.
Vous le soulignez, le paysage de la politique scientifique est complexe.
Les Gouvernements de la Communauté française et de la Région wallonne ont fait de la recherche scientifique une priorité.
Cette volonté se concrétise dans les budgets qui ont pu être préservés voire légèrement amplifiés pour cette année. Les entités fédérées et l’Etat fédéral ont des politiques et actions en matière de recherche scientifique qui sont complémentaires.
Au niveau des entités fédérées, nous avons mis des synergies en place ; elles doivent être renforcées et nous favorisons les politiques croisées.
Comme j’ai eu l’occasion de le rappeler lors d’une récente séance, je suis convaincu que la collaboration et l’échange du savoir sont des outils indispensables à l’excellence de la recherche. Je les favoriserai chaque fois que l’occasion m’en sera donnée et vous renvoie, à ce titre, à la réponse que je faisais en Commission à propos de l’avenir que je souhaite pouvoir donner aux Pôles d’Attraction Interuniversitaires dans le cadre de leur communautarisation.
FNRS et FWO ont rencontré ensemble les Recteurs des universités flamandes pour aborder différentes questions et préoccupations communes ; le devenir des PAI en est un.
Si les autorités académiques de Flandre ne se sont pas exprimées ensemble récemment sur le sujet, on peut toutefois rappeler que, d’une part, le Conseil des Recteurs francophones et le Vlaamse Interuniversitaire Raad ont déjà très clairement pris une position commune par le passé pour le maintien du programme, d’autre part, que dans son Memorandum, le FWO rappelle l’importance des PAI comme levier d’amplification de l’internationalisation de la recherche et de la collaboration des chercheurs au niveau supra-régional.
De mon côté, j’avais réitéré mon invitation à rencontrer mon homologue afin d’aborder ensemble l’avenir de ce programme de coopération scientifique essentiel et devenu emblématique.
Un heureux concours de circonstances fait que Monsieur MUYTERS prenant part à la toute récente mission économique princière également, nous avons pu nous parler. Nous nous sommes tendus pour nous revoir sur le dossier PAI dans les prochaines semaines.
Prenant acte de la réforme de l’Etat et de ses conséquences, nous devons faire en sorte que la complexité fonctionne et n’empêche pas nos chercheurs de travailler.
Les échos du colloque qui s’est tenu au Sénat et auxquels vos questions font allusion indiquent qu’il est absurde d’abandonner ou de casser des outils qui fonctionnent bien et qui permettent à nos chercheurs de se hisser au niveau de l’excellence mondiale.