Certains se demandent ce qu’on fait au Parlement bruxellois. En tout cas le PS est fort actif. Et voici mon bilan de l’année qui se termine. Bonne lecture avant vos vacances! En chiffres: PRB -ARCCC PFWB PFB TOTAL Interpellations 6 4 2 12 Questions 18 23 1 42 Textes 1 2 3 6 TOTAL 25 29 6 60 En contenu: 1/ Conflits d’intérêts Mon travail parlementaire a été marqué cette année par le dépôt et la défense de 3 motions en conflit d’intérêt vis-à-vis de la politique du Gouvernement fédéral. Ceci m’a permis de défendre nos idées au nveau du Sénat pour la première fois. Ainsi j’ai plaidé pour défendre les intérêts francophones et/ou bruxellois quant: au nouveau régime de pension que ce gouvernement fédéral veut imposer à nos enseignements notamment; au contingentement décidé par le Gouvernement Mr-NV-A des numéros Inami sans tenir compte des spécificités bruxelloises et de la pénurie en marche de médecins généralistes dans nos quartiers ; aux attaques visant à déréguler le marché de l’emploi et aux attaques contre le modèle associatif sur le projet « des 500€ défiscalisés ». 2/ Lutte contre les discriminations J’ai également continué mon combat contre les discriminations, que ce soit dans l’accès à un logement, à une place en crèche, ou à l’embauche. Dans le cadre de la discrimination à l’embauche, je suis très FIERE que mon travail aie abouti à faire de cette problématique une priorité du Gouvernement avec comme résultat une première en Belgique : la mise en place des tests de situation et de sanctions pour les entreprises discriminantes! Ce combat n’est pas fini et il est très important pour moi que cette mesure soit réellement mise en application, sinon on sera uniquement dans l’effet d’annonce ! J’interrogerai le Gouvernement sur l’évaluation de cette mesure en application depuis le 1er janvier de cette année! Et je vous invite, une nouvelle fois, à déposer plainte auprès d’Unia, du MRAX, d’Actiris ou de votre syndicat si vous vous considérez comme victime d’une discrimination à l’embauche. C’est principalement ça qui va permettre de tester les entreprises et d’avancer! Dans le cadre de ma lutte contre la discrimination à l’embauche, je suis également satisfaite d’être à l’origine des auditions sur la problématique des équivalences de diplômes. Pour rappel : 43% des demandeurs d’emploi ont un diplôme non reconnu à Bruxelles. Il est temps qu’on trouve des solutions ! Cela avance un peu. Je continue de lutter contre la discrimination à l’embauche, véritable fléau dans notre Région! 3/ Santé J’aimerais ici mettre en avant mon travail sur deux problématiques importantes à mes yeux : Les perturbateurs endocriniens et leur impact sur la santé ; Notre politique de vaccination. Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques (souvent des dérivés du pétrole) qui bousculent nos hormones et entraînent de graves problèmes de santé (diabète, cancers, etc), en particulier chez les enfants (troubles du développement! ) et les femmes enceintes. Un véritable poisson contre lequel nos gouvernements peinent à appliquer le principe de précaution. Face à cette urgence sanitaire, je n’ai cessé d’interpeller les Ministres compétents pour qu’ils prennent leurs responsabilités sans rejeter la faute sur d’autres nveaux de pouvoir. En enfance, par exemple, nous pouvons déjà agir en excluant ces produits de nos crèches et en organisant des campagnes de sensibilisation à destinations des parents… Face à cette urgence sanitaire donc, nous pouvons agir. Chaque entité doit prendre ses responsabilités face à cette urgence sanitaire! Je ne lâcherai rien ! Pour la vaccination, mon travail porte ces fruits. Cette année nous avons constaté des épidémies de maladies pour lesquelles des vaccins existent et sont recommandés, par exemple la rougeole, qui a refait des centaines de morts en Europe cette année. Nous devons donc constater que notre politique de vaccination fait défaut aujourd’hui. Face à ce constat mais aussi à la montée en puissance des lobbies anti-vaccins, j’ai notamment plaidé pour une meilleure sensibilisation et particulièrement des personnes à risque, une meilleure connaissance des taux de couverture vaccinale, une réelle politique de vaccination à Bruxelles,… Mon travail a abouti notamment : à l’organisation d’une campagne de sensibilisation à la vaccination en 2019 (la question de la sensibilisation et des actions de prévention auprès des publics à risque reste posée) ; la réalisation d’une étude sur la couverture vaccinale en fédération Wallonie-Bruxelles en incluant Bruxelles (ce qui n’était pas gagné) au vote d’une résolution pour la mise en place d’une coordination bruxelloise pour la politique de vaccination. J’ai par ailleurs continué de travailler sur : le manque de médecins généralistes dans nos quartiers, en interrogeant à Bruxelles et en Communauté française sur les mesures prises pour faire face à cette problématique ; Les inégalités de santé à Bruxelles ; l’avenir des maisons médicales, en lien avec le projet de la ministre fédérale Maggie De Block d’adapter le forfait ; Je suis très satisfaite aussi d’avoir travaillé à la mise en place du dépistage systématique de la mucoviscidose, qui prendra place rapidement. 4/ Enfance En matière d’allocations familiales tout d’abord, je suis très fière d’avoir défendu un modèle très redistributif, qui a finalement été choisi. Ce nouveau modèle va permettre à 70% des familles bruxelloises dès le 1er janvier 2020 d’avoir un montant plus élevé d’allocations familiales, tandis que les autres familles ne perdront rien! Un autre sujet sur lequel je suis très heureuse d’avancer enfin, c’est le travail que je porte depuis plus de trois ans suite à la mort d’un enfant dans une crèche non contrôlée à Bruxelles. Cette année a en effet vu, grâce à mon travail, la fermeture de toutes ces crèches connues qui fonctionnaient sans contrôle! Car la sécurité dans nos milieux d’accueil reste une priorité. Une avancée donc même si le cadre légal pour les « nouvelles » crèches bicommunautaires n’est pas encore finalisé. Et si les contrôles posent toujours questions, tant sur leur nature (contrôle inopiné ou on) que sur leur fréquence. Il y a encore beaucoup de travail dans ce domaine! La sécurité de nos enfants est à ce prix! L’accès à un milieu d’accueil pose également question. J’ai plaidé et plaiderai encore pour que
Les mains coupées au Congo ? Plus que des exactions !
Enseigner l’histoire du colonialisme belge à tous nos enfants est une avancée majeure mais pas en minimisant les crimes et dans une impression de paternalisme désagréable ! Dans le programme en vigueur, la période de la colonisation s’apparenterait à une intense période de développement économique, qui aurait eu par ailleurs quelques effets secondaires, qualifiés d’ « exactions » et non de crimes… Incompréhensible selon moi! Pas un mot sur la manière dont s’est organisée l’indépendance et sur Patrice Lumumba. A lire le programme on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un fait naturel et non d’un fait de luttes… Incompréhensible selon moi ! Pas un mot non plus de la responsabilité de la Belgique dans son assassinat, pourtant reconnue par une commission d’enquête belge… Incompréhensible selon moi ! Si pour la Ministre, ce programme qui dépeint l’action coloniale belge au Congo ne semble pas complaisant, j’ai quand même obtenu qu’elle introduise une demande officielle aux conseillers pédagogiques impliqués dans le programme afin d’évaluer celui-ci. Elle s’est aussi engagée à obtenir l’avis d’autres chercheurs sur la question. On avance! Et vous, avez-vous eu des cours sur le colonialisme belge ? Ses crimes ? L’assassinat de Patrice Lumumba ? C’est notre histoire et elle doit être enseignée à tous ! ————————————————————————————————————————————————————————— Article de la DH, publié le jeudi 07 décembre 2017 par Julien Thomas Catherine Moureaux: « Les mains coupées au Congo ? Ce sont plus que de simples exactions ! » La députée Catherine Moureaux (PS) ne cache pas son malaise face au programme consacré à l’histoire du colonialisme belge. La parlementaire interpelle ce jeudi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH) sur le sujet. « À aucun moment, le mot ‘crime’ n’est cité explicitement. On parle d’ ‘exactions’ . Pour moi, les nombreuses mains coupées durant l’époque coloniale ne sont pas simplement des exactions. Ce mot a le mérite d’exister, mais il donne un peu l’impression qu’il s’agit d’un effet secondaire. L’enseignement de l’histoire du colonialisme belge et de ses crimes n’est pas encore acquis aujourd’hui. Le sujet et la question sont encore malheureusement problématiques », constate la députée Catherine Moureaux (PS), qui interpelle ce jeudi la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH) sur le référentiel de l’enseignement technique et professionnel consacré au colonialisme et à ses crimes. C’est en 2014 que le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles approuve les nouvelles compétences élémentaires de l’enseignement qualifiant. Un document appelé référentiel et à partir duquel chaque réseau doit travailler pour créer son programme. Si la colonisation du Congo y figure explicitement, ce qui est une belle avancée, le programme de l’enseignement de la Communauté française qui s’en inspire suscite le malaise, estime la députée. « Il ressort du programme tel que rédigé actuellement une impression de paternalisme désagréable. Ainsi la période de la colonisation s’apparenterait à une intense période de développement économique, qui aurait eu par ailleurs quelques effets secondaires… Pas un mot sur la manière dont s’est organisée l’indépendance autour du personnage de Patrice Lumumba. À lire le programme on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un fait naturel et non d’un fait de luttes », insiste la socialiste. Violences commises sous le régime de Léopold II, révélations sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre congolais Patrice Lumumba ou encore polémiques concernant la bande dessinée de Tintin au Congo : les questions soulevées par le passé colonial belge font régulièrement depuis la fin des années 1990 l’objet de vifs débats politiques, médiatiques et citoyens. « Le sujet est sensible et touche à l’identité », souligne Catherine Moureaux, qui milite depuis des années pour un « devoir d’histoire ». Ce jeudi , l’élue PS interroge la ministre compétente sur l’existence ou non d’une évaluation du fameux référentiel. « Ne sommes-nous pas dans une minimisation des crimes belges et du racisme d’État de l’époque ? », lui demandera-t-elle également. De son côté, la chercheuse du FNRS et maître d’enseignement à l’ULB Amandine Lauro vient juste de publier un article consacré au sujet dans la revue Éduquer datant du 6 novembre. « L’histoire de la colonisation belge reste peu enseignée dans les écoles secondaires. Il est à craindre, au vu de la considération limitée que lui accorde le Pacte d’Excellence, que cet état de fait perdure », écrivait-elle. “Une révision des programmes n’est pas du luxe” “Les professeurs comme les élèves méritent mieux. Encourager l’inscription de l’histoire de la colonisation belge comme contenu obligatoire dans un nouveau référentiel serait un excellent début. À l’évidence, une révision et une harmonisation des programmes en matière d’histoire coloniale, intégrant les perspectives et les avancées des recherches récentes, ne seraient pas non plus du luxe. Pour que les futurs diplômés sortent de l’enseignement secondaire avec un meilleur bagage dans ce domaine, leurs professeurs ont besoin à la fois de plus de temps à y consacrer et d’outils plus performants sur lesquels s’appuyer”, expliquent Amandine Lauro, chercheuse du Fonds de la recherche scientifique (FNRS), et Romain Landmeters, assistant de recherche (FNRS) à l’Université Saint-Louis Bruxelles, évoquant les actuels programmes consacrés à l’enseignement de l’histoire coloniale belge. Une analyse que celle qui enseigne notamment l’histoire de l’Afrique, du genre et de colonisation faisait le 6 novembre dernier dans la revue Éduquer, qui est publiée par la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente. Une association qui a pour objet la défense et la promotion de l’enseignement public et de l’éducation laïque. Julien Thomas
Reconnaître la ségrégation et la souffrance des Métis
Ce mercredi 7 juin 2017, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté la résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées. Mon intervention ci-dessous: « Monsieur le Président, chers collègues, c’est un honneur pour moi de vous présenter ce travail. C’est la continuation d’un travail entamé il y a plusieurs mois au Parlement francophone bruxellois, où toutes les familles politiques présentes aujourd’hui sont présentes et où nous avons travaillé de manière assez originale, soutenue et dans une unanimité presque parfaite, sur le thème. Nous y avons travaillé sur une forme qui n’existe pas malheureusement dans notre règlement ici et peut être pour les chefs de groupe présents, c’est quelque chose qui pourrait être développé. Nous avons travaillé à une résolution endossée par la commission des Affaires générales du Parlement francophone bruxellois. Cette modalité n’existe pas dans notre règlement, et c’est dommage. Nous y avons travaillé sous une forme qui n’est pas proposée dans notre règlement ici. C’est dommage, car, pour des questions comme celle-ci, cela pourrait être judicieux de manière à endosser largement des textes qui ont un caractère un peu particulier comme celui que je vais présenter aujourd’hui. De quoi s’agit-il? Il s’agit de l’histoire de la colonisation, de la décolonisation et de l’indépendance. Il s’agit de l’histoire de plus de 10 000 enfants se déroulant sur une période s’étendant du début du XXe siècle à 1960. Plus de 10 000 enfants donc qui ont été séparés de leurs parents par l’État, par les institutions religieuses, au motif, au seul motif qu’ils avaient une couleur de peau qui n’était pas la bonne.Ces enfants étaient métis, ces enfants étaient issus pour la plupart issus d’unions entre des pères blancs et des mères originaires d’Afrique subsaharienne – avec quelques cas, très rares, dans l’autre sens. Laissez-moi vous lire tout d’abord deux témoignages. Pour commencer, voici celui d’Evelyne Schmit qui a aujourd’hui65 ans. Il a été recueilli en 2016. Elle témoigne dans un magnifique reportage que je vous conseille, intitulé «La couleur du péché». « La couleur du péché », c’est la manière dont les missionnaires et les sœurs parlaient des métis. Voici ce qu’elle a raconté: «À deux ans et demi, mon père Pierre Schmit est venu m’arracher des bras de ma mère. Il attendait que je sois propre pour pouvoir me placer dans un internat spécial pour métis. Il a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour me trouver, car ma mère me cachait à chaque fois qu’il venait. Il a d’ailleurs fini par m’emmener de force.» Elle dit ensuite: «La plupart des pères blancs ne voulaient pas que leur enfant métis grandisse dans la culture africaine. Ils voulaient qu’on reçoive une éducation occidentale, qu’on s’habille, qu’on mange et qu’on parle comme des blancs.» Sur son enfance moins précoce, lorsqu’elle était à l’orphelinat, elle dit encore: «Je me rappelle que nous nous demandions souvent pourquoi nous étions loin de nos parents, qu’avions-nous fait pour être mis à l’écart? Nous en avons déduit que c’était à cause de notre couleur de peau. Il y avait les Blancs, les Noirs et puis il y avait nous.» Le commentateur du reportage dit alors: «Il faut dire que les métis ne viennent pas seuls à cette conclusion». Il explique alors que les missionnaires rappelaient souvent aux métis que leur peau portait «la couleur du péché». Evelyne Schmit dit encore bien plus tard: «Il y a quelque chose qui nous a tous fait souffrir et qui a forgé notre identité commune. C’est le sentiment de n’appartenir à aucun groupe, de toujours passer pour l’étranger. En Afrique, on me pointait du doigt dans la rue. On se moquait parfois de moi. En Belgique, les parents ne laissaient pas leurs enfants jouer avec moi à cause de ma couleur de peau et de ma situation d’orpheline. Aux États-Unis, les gens de la communauté afro-américaine m’ont rejetée en apprenant que mon père était blanc. Partout où j’ai vécu, le même schéma se répétait: il y avait les Noirs, les Blancs et puis moi, là, entre les deux.» Ce témoignage est poignant et nous montre combien limiter une personne à sa couleur de peau peut faire des dégâts. Ici on passe par les métis pour cela mais c’est clair que la dichotomie identitaire, c’est quelque chose qui fait des dégâts terribles dans nos sociétés encore aujourd’hui. J’aimerais maintenant vous lire le témoignage de Madeleine Apendeki, mère d’enfants métis. Cette dame avait deux filles qui lui ont été enlevées. Son témoignage a été recueilli il y a bien des années en 1986 à Uvira au Congo. Madeleine Apendeki dit ceci: «La sœur Edmée m’a dit que cette dame est venue d’Europe et s’est rendue au parquet afin de demander une autorisation d’aller chercher un enfant à l’internat de Save, car elle n’avait pas d’enfant.» Précisons que l’internat de Save est un internat souvent mentionné lorsqu’on parle de cette thématique. C’est un internat du Rwanda, duquel sont venus près de 300 enfants en Belgique à l’indépendance. «Quand elle est arrivée à Save, la dame venue d’Europe a choisi votre fille et c’est pour cela qu’on vient vous demander si vous acceptez que votre fille aille en Europe pour continuer ses études à charge de cette dame.» Madeleine Apendeki poursuit: «J’ai refusé catégoriquement. La sœur Edmée a essayé de me calmer, mais j’ai refusé. Ils ont dû fuir avec l’enfant dans la voiture. J’ai essayé de courir après la voiture, mais c’était impossible.» Plus tard dans son témoignage, elle dit: «Je demande à mes enfants de ne pas penser que je les ai abandonnées.»Vous voyez les traumatismes subis de part et d’autre. Avant de continuer, à ce stade, je voudrais remercier l’Association des Métis de Belgique (AMB) parce que nous avons travaillé pratiquement «main dans la main» au Parlement francophone bruxellois. C’était un travail très original et intéressant. Nous avons pu entendre les témoignages de ces personnes. Je voudrais remercier en particulier François Milliex, président de l’AMB, et son épouse ainsi que Charles Géradin, vice-président
57 ans après, début de la reconnaissance de la ségrégation des métis issus de la colonisation belge
Ce vendredi 24 février, nous avons adopté la résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées en commission du budget du Parlement francophone bruxellois. Mon intervention et la résolution ci-dessous: Madame la présidente, chers collègues, Je suis très heureuse, et très fière, de pouvoir apporter mon soutien au texte de résolution qui est aujourd’hui à l’ordre du jour. Nous sommes aujourd’hui en présence de quelque chose de plus qu’une résolution. C’est un travail d’introspection. Ce texte nous permet en effet de réaliser un examen de conscience de ce que nous sommes – nous élus du peuple belge. Quel bilan pouvons-nous tirer des accomplissements – glorieux comme odieux – de la société que nous représentons, aujourd’hui comme dans le passé ? Est-ce que nous utilisons à bon escient cette petite part de représentativité temporaire et de cette confiance dont nos concitoyens nous gratifient ? Est-ce que les institutions que nous bâtissons jour après jour servent toujours au mieux notre société ? Est-ce que nous les améliorons ? Est-ce qu’elles ont toujours été exemplaires ? Est-ce qu’aujourd’hui nous pouvons regarder droit dans les yeux nos amis de l’Association des Métis de Belgique et leur dire que tout va bien et que nous sommes droits dans nos bottes, avec la paix dans l’âme ? La réponse est évidemment non. Au cours des derniers mois nous nous sommes plongés, au cours de nombreuses réunions de travail, en lisant les ouvrages comme celui d’Assumani Budagawa, dans notre propre passé. Il y a un petit siècle à peine, notre société belge, bourgeoise, positiviste, instruite, civilisée, industrialisée, organisait un régime par bien des aspects criminel. Notre res publica constitutionnelle, parlementaire et démocratique perpétrait des crimes en-dehors de ses frontières. La main sur le cœur, un exemplaire de notre Constitution libérale consacrant les droits de l’Homme dans l’autre main, le colonisateur belge bâtissait ses institutions prétendument modernisatrices. Un crime auquel tout le monde se livre et dont personne ne s’émeut perd son statut de crime, c’est-à-dire de tabou interdit et sanctionné par la société. L’exploitation des richesses naturelles et des populations d’Afrique était légitimée par une idéologie raciste qui travestissait le crime avec un voile d’œuvre civilisatrice. Non seulement le crime n’était plus le crime, mais il était même un apport de civilisation à ceux qui en étaient privés. Le crime était donc positif. Chers collègues, Nous sommes aujourd’hui très loin d’avoir fait le bilan de tous les méfaits commis en Afrique et de par le monde dans le contexte du colonialisme. À mesure que cette période s’éloigne de nous, les crimes de nos aïeuls deviennent une abstraction pour des gens qui ne les comprennent pas ou ne les connaissent pas. La psychique est ainsi faite que nous avons tendance à oublier nos défauts et nos erreurs pour construire une image favorable de nous-mêmes ou de la communauté humaine à laquelle nous appartenons. Dans ce contexte la facilité tendrait à nous amener à oublier les crimes du passé de notre pays. C’est plus confortable de balayer cela sous le tapis, d’autant plus que bientôt plus aucun témoin, victime ni auteur de ces crimes ne sera plus là pour en parler. Ce n’est pas ainsi que je fonctionne, et ce n’est pas ainsi que fonctionne mon Parti. Ce n’est en principe même pas la philosophie sur laquelle notre pays est fondé. « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ». C’est le libellé de l’article 1382 du Code civil, en vigueur dans nos régions depuis plus longtemps que notre Constitution. La philosophie dont cette courte phrase est porteuse est à la base de l’ordre auquel l’État belge est également soumis. Cela veut dire qu’aujourd’hui l’État belge est tenu de réparer les crimes commis en son nom par le passé. La première chose est de reconnaître ces crimes et les dommages, les souffrances qu’ils ont causé à leurs victimes, parmi lesquelles figurent les métis. Chers amis, Nous vous avons entendu. Nous vous avons compris. Nous reconnaissons pleinement vos souffrances et le lien de causalité entre celles-ci et les crimes que nos aïeuls ont perpétré au nom de l’État belge. À la modeste échelle de la Commission Communautaire Française, de son Assemblée que nous formons, et des compétences dont elle est dépositaire, en notre qualités de citoyens, d’élus, de libre-exaministes et de démocrates nous initions aujourd’hui un travail commun. Un travail de mémoire tout d’abord. Un travail de conscientisation et de renversement de la tendance. Par notre résolution d’aujourd’hui nous posons les jalons d’une enquête scientifique qui donnera lieu à une reconnaissance des crimes, à des excuses officielles et à des réparations. La finalité de l’article 1382 du Code civil que j’ai cité est la restauration d’un équilibre rompu, de serait-ce que de manière symbolique, par une compensation. Comment rendre à un homme ou à une femme les années passées loin de sa mère ? Le minimum c’est de l’aider à la retrouver. Le temps n’a malheureusement pas attendu. Certains ne retrouveront peut-être pas leur mère. Mais il est dans l’obligation de l’État belge de leur fournir des réponses à leurs questions. Qui suis-je comme individu ? Quel nom est-ce que je porte ? Est-ce qu’il y en a beaucoup d’autres dans ma situation, se posant les mêmes questions ? Ai-je un frère ou une sœur quelque part, dont j’ignore l’existence ? Je suis aujourd’hui fière que le Parlement francophone Bruxellois écrive aujourd’hui la première page d’un chapitre, que nous espérons plus heureux, de la vie des métis que l’État belge a bouleversé et assombri dès leur naissance. Je remercie mes collègues de la majorité comme de l’opposition pour ce travail commun qui se poursuivra dans d’autres assemblées parlementaires de notre pays. Je vous remercie de votre attention. Retrouvez la résolution en cliquant sur ce lien: résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées
METIS : AFFAIRE D’ETAT, SECRETS D’ETAT, RACISME D’ETAT
Les métis issus de la colonisation belge en Afrique A l’invitation de l’Association des Métis de Belgique, j’ai eu l’occasion, ce 20 octobre dernier, d’assister à une matinée de réflexion sur la problématique des métis issus de la colonisation belge en Afrique. Entre témoignages, projection documentaire et exposés scientifiques, c’est un autre crime de la colonisation qui a été mis au jour dans l’enceinte du Parlement bruxellois. Loin de l’imagerie habituelle qui entoure cette période, présentant d’un côté le missionnaire belge et de l’autre le colonisé africain, la question des métis nés de relations entre femmes africaines et colons belges reste encore aujourd’hui occultée dans le récit colonial. A l’époque, leur existence-même était perçue comme une réelle épine dans le pied de l’entreprise coloniale, basée sur un apartheid qu’on a pu qualifier de « naturel ». Vus comme des éléments « instables », tout sera fait pour les isoler, les « dénaturer », les remodeler à l’occidentale. Ils seront donc arrachés à leur mère, isolés dans des institutions religieuses, jusqu’à, pour certains, être évacués en Belgique sous de nouveaux noms à l’heure des indépendances africaines. Un racisme d’Etat Outre les souffrances terribles endurées par ces enfants, ces mères et parfois ces pères, ce chapitre de notre histoire met en lumière un système d’état qui ne peut être qualifié que de raciste. La volonté méthodique des autorités d’exclure ces enfants, n’entrant pas dans les catégorisations raciales « reconnues » répond à cette logique criminelle et bien connue de toute entreprise raciste : classer les êtres humains pour permettre au système tout entier de vivre de l’exploitation des uns et des autres. Il en résulte pour les protagonistes des traces indélébiles dues notamment au déni identitaire dont ils ont été les victimes et au silence assourdissant entourant leur histoire personnelle. Coupés de leurs origines, éloignés de leurs parents, de leur fratrie, privés de leur nom et de leur langue maternelle, la plupart ont dû faire des démarches difficiles en vue de retracer leur filiation. Pour certains, cela n’a même pas encore été rendu possible. Et aujourd’hui ? A la lumière de ces faits, il apparait une fois de plus que notre histoire coloniale et les crimes qui l’ont accompagnée ne sont pas encore totalement assumés. Une reconnaissance officielle de ces lourdes fautes du passé est pourtant un « devoir d’histoire » dont notre état ne peut faire l’économie ! Cela passe également par un enseignement du colonialisme dans nos écoles qui se doit d’être plus complet, systématique et critique. Plus que jamais, il est temps d’avancer sur ces matières car ce qui est en jeu, quelles que soient nos origines, c’est notre histoire, et donc notre identité à toutes et tous !
Colonialisme belge et ses crimes, un sujet qui fâche au cours d’histoire? Mon avis dans le soir
Article du soir du mercredi 27 avril 2016 Des sujets qui fâchent au cours d’histoire? Le colonialisme serait un pan de l’histoire belge imprécis dans les manuels et difficile à aborder L’école ne se montrerait pas très loquace sur certains sujets historiques, en secondaire. Principalement, des sujets sensibles qui crispent, souvent ceux relatifs à l’histoire de la Belgique. La critique n’est pas neuve; elle a été maintes fois entendue. Mais améliore-t-on la situation pour autant? Récemment, la députée et présidente du groupe PS au parlement de la Communauté française Catherine Moureaux a interpellé l’ancienne ministre de l’Education, Joëlle Milquet (PS), en Commission de l’éducation. C’est précisément sur le sujet de l’histoire coloniale enseignée à l’école que la parlementaire a questionné la ministre. «J’ai entendu des témoignages de gens de 25-40 ans issus de l’immigration, originaires d’Afrique subsaharienne», explique Catherine Moureaux. Des personnes dont les familles sont installées en Belgique depuis deux ou trois générations et qui y ont suivi leur scolarité. «Elles ont le sentiment qu’on ne leur a pas vraiment parlé de la thématique à l’école, souligne la députée. Ou alors, uniquement d’un point de vue européanocentré, biaisé et balayant la question de la douleur et exactions perpétrées à l’époque du régime colonial belge au Congo.» Si la question délicate de l’identité est ici centrale pour ces groupes de personnes, elle l’est aussi pour chaque citoyen: «C’est l’histoire commune du Congo et de la Belgique, un bagage citoyen commun», relate Catherine Moureaux. Et malgré que le cursus scolaire de ces 2540 ans remonte à une dizaine ou vingtaine d’années, la situation n’aurait aujourd’hui guère évolué. En se rendant sur le terrain et en rencontrant des professeurs d’histoire, la parlementaire a pu constater plusieurs faiblesses. D’abord, les référentiels seraient imprécis. Souvent enseignés de manière chronologique, les sujets historiques font la queue dans les classes du secondaire. Ce n’est qu’en 5e et 6e rénovées que les XIXe et XXe siècles sont étudiés. Catherine Moureaux explique: «Les chapitres reprennent les moments clés de cette période, comme les politiques impérialistes et le processus de colonisation. Mais on ne mentionne ni le Congo, ni son indépendance. On reste dans le flou.» Sans parler, dit-elle, du fait que ce chapitre arrive souvent en dernier dans le programme scolaire et se trouve quelques fois zappé par manque de temps. Ensuite, les enseignants ne seraient pas assez outillés pour enseigner ce genre de matières. D’après la députée, «ils disent ne pas avoir les outils nécessaires pour parler correctement de cette période d’atrocités». En 2013, une valise pédagogique relative à l’histoire de la colonisation au Congo, constituée d’un DVD et de fiches techniques, a été conçue pour les professeurs. De même, une formation avait été organisée la même année. Des initiatives plutôt rares, et sans suite. «Référentiels hyper-précis» A l’interpellation de Catherine Moureaux sur le sujet, Joëlle Milquet, encore ministre à l’époque, a répondu qu’elle «plaidait pour des référentiels hyper-précis». Les manuels de l’enseignement qualifiant viennent d’être revus et le processus est en cours pour le général. Dans ce contexte, «nous mettons sur pied un colloque qui fera le point sur la recherche en la matière», précise la députée. Une matière plus pointue qui sera proposée pour les manuels à venir. Milquet a, en outre, souligné sa volonté de donner une seconde chance à la valise pédagogique. Ces démarches seront-elles suffisantes? A voir. De même, il faudra voir si la nouvelle ministre de l’Education reprendra rapidement les rênes en la matière. ■ VALENTINE ANTOIN
Le colonialisme belge et ses crimes doivent être enseignés à l’école !
Aujourd’hui encore notre histoire coloniale n’est pas totalement assumée. Alors que de plus en plus d’ouvrages, études, reportages mettent en lumière la part sombre de la colonisation et ses multiples exactions et crimes, un « devoir d’histoire » reste à faire. Ce « devoir d’histoire » doit passer par notre enseignement. D’après mon expérience et le travail de recherche sur la question que j’ai mené, la situation n’est pas encore idéale dans les écoles. C’est pourquoi j’ai interrogé la Ministre de l’éducation. Mon intervention – Madame la Ministre, Dernièrement, la polémique sur le roi Léopold II a ressurgi suite à l’initiative d’un échevin d’organiser une cérémonie en l’honneur de celui-ci pour son empreinte urbanistique et architecturale importante à Bruxelles. C’était évidemment faire fi de notre histoire coloniale et des crimes commis sous son autorité. Une histoire coloniale pas totalement assumée, et à tout le moins, toujours sujette à crispations. Si de plus en plus d’ouvrages, études, reportages mettent en lumière la part sombre de la colonisation, un «devoir d’histoire » reste à faire. Un « devoir d’histoire » qui doit passer par notre enseignement. Madame la Ministre, Pouvez-vous me dire où en est la redéfinition des référentiels pour l’enseignement général? En 2014, le Parlement a adopté un nouveau référentiel pour les cours d’histoire et géographie dans l’enseignement qualifiant. La colonisation du Congo y figure, ce qui est déjà une avancée. Cependant l’usage de ces référentiels en termes de contenus centrés sur l’histoire coloniale demeure aléatoire. Certains élèves peuvent totalement passer à côté durant leur scolarité. Ce qui est interpellant en regard de l’importance d’une telle séquence dans notre histoire belge. Vous aviez indiqué que ce contenu pourrait profiter de la dynamique du Pacte pour un enseignement d’excellence pour apporter les précisions nécessaires. Pouvez-vous nous dire où en est ce travail? Quelles seront ou sont les démarches sur ce sujet déjà entreprises, notamment avec les professeurs des universités et hautes écoles qui ont travaillé sur la thématique ? Toujours dans cette optique, il est également essentiel de mettre à disposition des écoles des outils et ressources pédagogiques. La traduction des référentiels en dépend largement. Certains ont existé, je pense au kit pédagogique réalisé par l’asbl Culturea « Congo », qui contient deux dvd et des fiches pédagogiques. Pouvez-vous dire si celui-ci est toujours utilisé par les écoles ? D’autres outils ou ressources existent-ils ? Ces outils sont-ils à la disposition des écoles et des professeurs de façon permanente ? Une formation par l’Institut de la formation en cours de carrière avait également été organisée sur le sujet en 2013. Pouvez-vous m’indiquer si cette formation est toujours disponible ? Et si oui, quelles en sont les modalités aujourd’hui? La Ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance. – En termes de savoir, nous avons beaucoup de choses à ajouter dans nos cursus par rapport au cadre actuel. Il est évidemment difficile de laisser un élève sortir de rhétorique ou de classe terminale sans qu’il connaisse au moins les éléments clés de l’histoire de son pays. La période coloniale fait partie de la période sombre, mais il doit la connaître. Le référentiel d’histoire de l’enseignement secondaire de transition est en effet en cours de réécriture depuis le mois de septembre tandis que le référentiel de l’enseignement qualifiant a été adopté par le Parlement en décembre 2014. Le fait que les enseignants abordent cette matière en classe dépend de la précision de leurs programmes, plus ou moins contraignants, qui, euxmêmes, sont le reflet de référentiels plus ou moins précis. Dans les travaux du Pacte d’excellence, je plaide pour que les référentiels soient hyper précis et beaucoup plus précis qu’ils ne le sont maintenant. Cela laisse moins de marge de manoeuvre pour les programmes, car je pense que ce que l’on offre comme contenu pour les compétences ou les savoirs des enfants est une matière d’intérêt général. Il faut donc être beaucoup plus précis. Comme vous le verrez tout à l’heure, dans la présentation qui va vous être faite du référentiel en matière de citoyenneté, on s’est basé sur le modèle des socles de compétences. Vous allez voir à quel point les socles de compétences en primaire sont quasiment nuls par rapport aux référentiels, en dehors du socle de compétence. C’est à ce niveau qu’on se rend compte de l’extrême légèreté des référentiels qui laissent des latitudes de contenus énormes et où on peut très peu préciser les savoirs, les thèmes, etc. Les courants romantiques sont-ils à enseigner dans le cours de français? Quel type de philosophe doit-il être étudié? Rien de tout cela n’est précisé. À titre personnel, cela me semble absurde. Actuellement, le colonialisme, l’histoire des migrations qui apportent une diversité à notre population font partie des fondements de notre histoire. Appréhender notre colonialisme passé doit faire clairement partie du cours d’histoire pour tout le monde. Cette question est laissée à l’appréciation des uns et des autres. Ce mouvement qui vise plus de précision des référentiels est en cours. C’est clairement une des recommandations du Pacte dont nous en avons parlé longuement durant ces trois jours. Le groupe est présidé par le Professeur Marc Romainville de Namur et un sous-groupe, qui comprend notamment des didacticiens, se réunit avec Axel Tixhon. Toute une série de recommandations très claires sont données en la matière. Il existe un excellent outil pédagogique – Congo –, qui comprend deux DVD ainsi que des fiches pédagogiques. En octobre dernier, dans la réponse que j’ai donnée à Mme Trachte sur la place de la mémoire, j’en ai parlé en disant qu’il avait été envoyé dans toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles en janvier 2013. Cet outil a donné lieu à une formation en février 2013, qui n’a, hélas, accueilli que 42 inscrits. Nous avons cependant offert cet outil aux écoles et il faudra lui donner une seconde chance. L’ouvrage et le DVD sur l’histoire coloniale de la Belgique au Congo ont été édités par le Musée Royal de l’Afrique centrale au départ de ses riches collections d’archives. Cette publication offre des regards variés à partir desquels les enseignants peuvent élaborer des cours