Enseigner l’histoire du colonialisme belge à tous nos enfants est une avancée majeure mais pas en minimisant les crimes et dans une impression de paternalisme désagréable ! Dans le programme en vigueur, la période de la colonisation s’apparenterait à une intense période de développement économique, qui aurait eu par ailleurs quelques effets secondaires, qualifiés d’ « exactions » et non de crimes… Incompréhensible selon moi! Pas un mot sur la manière dont s’est organisée l’indépendance et sur Patrice Lumumba. A lire le programme on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un fait naturel et non d’un fait de luttes… Incompréhensible selon moi ! Pas un mot non plus de la responsabilité de la Belgique dans son assassinat, pourtant reconnue par une commission d’enquête belge… Incompréhensible selon moi ! Si pour la Ministre, ce programme qui dépeint l’action coloniale belge au Congo ne semble pas complaisant, j’ai quand même obtenu qu’elle introduise une demande officielle aux conseillers pédagogiques impliqués dans le programme afin d’évaluer celui-ci. Elle s’est aussi engagée à obtenir l’avis d’autres chercheurs sur la question. On avance! Et vous, avez-vous eu des cours sur le colonialisme belge ? Ses crimes ? L’assassinat de Patrice Lumumba ? C’est notre histoire et elle doit être enseignée à tous ! ————————————————————————————————————————————————————————— Article de la DH, publié le jeudi 07 décembre 2017 par Julien Thomas Catherine Moureaux: « Les mains coupées au Congo ? Ce sont plus que de simples exactions ! » La députée Catherine Moureaux (PS) ne cache pas son malaise face au programme consacré à l’histoire du colonialisme belge. La parlementaire interpelle ce jeudi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH) sur le sujet. « À aucun moment, le mot ‘crime’ n’est cité explicitement. On parle d’ ‘exactions’ . Pour moi, les nombreuses mains coupées durant l’époque coloniale ne sont pas simplement des exactions. Ce mot a le mérite d’exister, mais il donne un peu l’impression qu’il s’agit d’un effet secondaire. L’enseignement de l’histoire du colonialisme belge et de ses crimes n’est pas encore acquis aujourd’hui. Le sujet et la question sont encore malheureusement problématiques », constate la députée Catherine Moureaux (PS), qui interpelle ce jeudi la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (CDH) sur le référentiel de l’enseignement technique et professionnel consacré au colonialisme et à ses crimes. C’est en 2014 que le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles approuve les nouvelles compétences élémentaires de l’enseignement qualifiant. Un document appelé référentiel et à partir duquel chaque réseau doit travailler pour créer son programme. Si la colonisation du Congo y figure explicitement, ce qui est une belle avancée, le programme de l’enseignement de la Communauté française qui s’en inspire suscite le malaise, estime la députée. « Il ressort du programme tel que rédigé actuellement une impression de paternalisme désagréable. Ainsi la période de la colonisation s’apparenterait à une intense période de développement économique, qui aurait eu par ailleurs quelques effets secondaires… Pas un mot sur la manière dont s’est organisée l’indépendance autour du personnage de Patrice Lumumba. À lire le programme on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un fait naturel et non d’un fait de luttes », insiste la socialiste. Violences commises sous le régime de Léopold II, révélations sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre congolais Patrice Lumumba ou encore polémiques concernant la bande dessinée de Tintin au Congo : les questions soulevées par le passé colonial belge font régulièrement depuis la fin des années 1990 l’objet de vifs débats politiques, médiatiques et citoyens. « Le sujet est sensible et touche à l’identité », souligne Catherine Moureaux, qui milite depuis des années pour un « devoir d’histoire ». Ce jeudi , l’élue PS interroge la ministre compétente sur l’existence ou non d’une évaluation du fameux référentiel. « Ne sommes-nous pas dans une minimisation des crimes belges et du racisme d’État de l’époque ? », lui demandera-t-elle également. De son côté, la chercheuse du FNRS et maître d’enseignement à l’ULB Amandine Lauro vient juste de publier un article consacré au sujet dans la revue Éduquer datant du 6 novembre. « L’histoire de la colonisation belge reste peu enseignée dans les écoles secondaires. Il est à craindre, au vu de la considération limitée que lui accorde le Pacte d’Excellence, que cet état de fait perdure », écrivait-elle. “Une révision des programmes n’est pas du luxe” “Les professeurs comme les élèves méritent mieux. Encourager l’inscription de l’histoire de la colonisation belge comme contenu obligatoire dans un nouveau référentiel serait un excellent début. À l’évidence, une révision et une harmonisation des programmes en matière d’histoire coloniale, intégrant les perspectives et les avancées des recherches récentes, ne seraient pas non plus du luxe. Pour que les futurs diplômés sortent de l’enseignement secondaire avec un meilleur bagage dans ce domaine, leurs professeurs ont besoin à la fois de plus de temps à y consacrer et d’outils plus performants sur lesquels s’appuyer”, expliquent Amandine Lauro, chercheuse du Fonds de la recherche scientifique (FNRS), et Romain Landmeters, assistant de recherche (FNRS) à l’Université Saint-Louis Bruxelles, évoquant les actuels programmes consacrés à l’enseignement de l’histoire coloniale belge. Une analyse que celle qui enseigne notamment l’histoire de l’Afrique, du genre et de colonisation faisait le 6 novembre dernier dans la revue Éduquer, qui est publiée par la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente. Une association qui a pour objet la défense et la promotion de l’enseignement public et de l’éducation laïque. Julien Thomas
Dimanche après-midi à #Molenbeek
Ce qui s’est passé ce dimanche me trotte en tête. J’ai finalement décidé de vous raconter mon après-midi. Ce dimanche, cela faisait plusieurs jours que j’avais décidé d’emmener mon fils de 9 ans au théâtre. Evidemment le jour même il ne voulait plus m’accompagner: « les dessins animés c’est mieux, maman! Je n’ai jamais aimé le théâtre! Je veux rester à la maison » etc… (scènes connues 😉 ) Bref, nous voilà donc à la Maison des Cultures Molenbeek pour la nouvelle pièce de théâtre de la Compagnie LES VOYAGEURS SANS BAGAGE . La pièce s’appelle « L’être ou ne pas l’être » et les frères Allouchi l’ont écrite et mise en scène en visant « un spectacle moderne démontrant l’intemporalité de Shakespeare ». Tout un programme 😉 Le noir se fait. Richard III apparaît, baroque, bossu, déformé, le sourire méchant. Mon fils saute en l’air et se blottit contre moi. Le texte de Shakespeare est difficile. Mais l’acteur, Rachid Hirchi, et la mise en scène font merveille. Le spectacle est lancé. Quelques minutes plus tard, c’est la fin de ce qu’on doit bien qualifier de premier acte. Le noir se fait à nouveau. La salle applaudit. Mon fils me demande: « c’est quand même pas déjà fini? », une petite angoisse dans la voix. De nouveaux comédiens entrent en scène. Un Catesby sautillant, abruti, craintif à l’excès et totalement hilarant, extraordinaire Mohamed Ouachen, est le valet de Richard III. Ils forment un duo qui me rappelle « La folie des grandeurs ». Il faut dire qu’il y a du De Funès chez Ouachen! Les scènes s’enchaînent. On rit beaucoup. Hamlet est élégant, dépassé, très imposant physiquement. Lady Anne est gracieuse et désespérée. Shakespeare… mange des chips et se fait emprisonner. Mercutio joue les hommes invisibles. Roméo et Juliette sont faits l’un pour l’autre et pour le drame 🙂 Ophélie est vengeance et trahison à la fois. Les comédiens montent à l’assaut du ciel. Et dansent aussi régulièrement. Sur des airs de pop mais dans une ambiance de château hanté. Les spectateurs tapent dans leurs mains et accompagnent les acteurs. À chaque passage d’un acte à l’autre, la lumière s’éteint, la salle applaudit frénétiquement. Et mon fils me demande, anxieux, si « ce n’est pas déjà fini, maman? ». Alors pourquoi je vous raconte tout ça? Parce qu’après la représentation, Mohamed Allouchi et les comédiens m’expliquent leur frustration intense de ne pas avoir eu une seule visite de représentant de théâtre ou de centre culturel durant les trois représentations. Alors qu’ils avaient invité. Ils sont tristes et inquiets. Ils pensent il y a un véritable fossé entre les déclarations « sur le vivre ensemble » et les actes des uns et des autres. Ils pensent qu’on les a catégorisés « troupe arabe » ou quelque chose comme ça. Ils sont en colère. Ils ont l’impression qu’après les milliers de spectateurs qu’ils ont déjà ravi, le milieu les prend encore pour des amateurs… Alors difficile de dire si ils rencontrent les mêmes problèmes que bien d’autres troupes dans un pays où la culture n’est plus une priorité fédérale ou s’il y a un vrai problème de racisme bête et méchant (ou d’assignation identitaire) derrière ce qu’ils vivent. Peut-être les deux! Le succès de « la vie c’est comme un arbre », c’était vraiment juste lié à la vague de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation violente? Leur troupe variée dans les origines et dans les parcours de formation est-elle trop iconoclaste? Comment les centres culturels choisissent-ils ce qu’ils programment? Les pratiques de parrainage sont-elles aussi présentes en culture que pour l’embauche à Bruxelles? Une chose est sûre: la troupe est excellente. Avec Mohamed Allouchi, Ahmed Ayed, Barbara Borguet, Yassin El Achouchi, Rachid Hirchi, Mohamed Ouachen, Martin Goossens, Anaïs Tossings, Nihale Touati, Fionn Perry
Schepmans-Moureaux: duel de femmes pour les élections 2018 à Molenbeek
Article RTBF –Barbara Boulet Publié le jeudi 12 octobre 2017 La législature n’aura pas été de tout repos pour la commune bruxelloise de Molenbeek. Montrée du doigt jusqu’à l’autre bout de la planète, la commune est accusée d’avoir été une terre d’accueil pour jeunes radicalisés. Ce qui lui a valu d’être assiégée régulièrement par les caméras et les micros du monde entier. Résultat: la nouvelle bourgmestre Françoise Schepmans (MR) et son équipe MR-Ecolo-CDH (le PS de Philippe Moureaux ayant été rejeté dans l’opposition après 20 ans de maïorat) ont vécu au rythme de l’actualité terroriste. Au détriment des enjeux locaux ? Quel bilan revendique la majorité ? Selon l’équipe de Françoise Schepmans, la législature mouvementée n’a pas empêché d’avancer. Des écoles ont été ouvertes, d’autres agrandies, des logements publics ont été créés, une vraie politique pour les jeunes de 16 à 25 ans a été mise en place. Et surtout, dit-on au cabinet de la Bourgmestre MR, les finances communales ont été remises sur les rails. L’actuelle majorité accuse l’équipe précédente de Philippe Moureaux (dont faisait pourtant partie le MR), d’avoir vécu bien au-delà de ses moyens (une version contestée par l’opposition), et d’avoir laissé des comptes peu clairs. Il aura fallu près d’une demi-législature pour y mettre un peu d’ordre, explique le cabinet de Françoise Schepmans. Résultat: alors qu’en 2014, la commune affiche un déficit budgétaire de 14 millions d’euros, elle est aujourd’hui en équilibre. Un redressement qui s’est fait au prix d’un solide régime financier: en 2015, Molenbeek est placée sous tutelle régionale, dans le cadre d’un plan d’assainissement. Mais la plus grande avancée de ces dernières années, à en croire l’équipe en place, ne se mesure pas en chiffres ou en réalisations de projets. « A Molenbeek, disent plusieurs élus (y compris de l’opposition), la parole s’est libérée. Au conseil communal, dans l’administration et même dans la rue, le dialogue a repris et le respect mutuel est revenu. Philippe Moureaux était omniprésent, explique un échevin. Son départ a créé une période de chaos. Aujourd’hui, la sérénité est revenue.Il aura fallu presque le temps d’une législature. » Quels reproches formule l’opposition? » Cette équipe coupe merveilleusement bien les rubans« , ironise la nouvelle cheffe de file du parti socialiste, Catherine Moureaux, fille de l’ancien bourgmestre, tout fraîchement arrivée de Schaerbeek. Mais honnêtement, beaucoup de travail avait été réalisé en amont ». Avec le sp.a (les partenaires de 2012), les socialistes regrettent le manque de projets concrets, réalisés ou planifiés par l’équipe de Françoise Schepmans. Ce manque de projets témoignerait en réalité d’un manque de vision à long terme. Autre grand regret de l’opposition, tous partis confondus: la bourgmestre n’est pas parvenue à lever de fonds européens, fédéraux ou régionaux pour soutenir les réalisations communales, comme les contrats de quartier. Un apport potentiellement important: « Philippe Moureaux faisait ça très bien, explique le conseiller sp.a Jef Van Damme. Françoise Schepmans est pourtant députée fédérale, elle pourrait se servir de ce levier. Que son cumul de mandats serve au moins à quelque chose! Même pour le plan canal, elle aurait dû obtenir davantage, se battre pour un refinancement structurel de la zone de police ». L’opposition pointe encore le fiasco dans le dossier de l’occupation du stade communal Edmond Machtens: un fiasco au détriment des jeunes de la commune. « Quel amateurisme« , regrette Michaël Vossaert pour le parti DéFI. DéFI qui regrette par ailleurs la politique fiscale menée aujourd’hui à Molenbeek (« Il ne faudrait pas faire fuir la classe moyenne« ) et parle généralement d’un bilan de législature mitigé. Au contraire, le conseiller communal PTB de Molenbeek, Dirk de Block, parle de 6 années noires pour les inégalités sociales. Il prend en exemple l’instauration des garderies payantes dans les écoles et le nombre en baisse de logements sociaux occupés. Qui se voit Bourgmestre en 2018 ? A Molenbeek, le prochain bourgmestre n’y pense pas le matin en se rasant. Car le prochain Bourgmestre sera très probablement une femme. Françoise Schepmans a bien sûr des chances de rempiler: en 2012, sa liste libérale talonnait la Liste du Bourgmestre sortant (son score personnel n’était d’ailleurs pas si éloigné de celui de Philippe Moureaux) et sa récente visibilité pourrait lui faire gagner des voix. Mais il n’est pas non plus impensable que Catherine Moureaux la chasse. En tout cas, elle y songe (« Je suis prête à assumer cette responsabilité »), et la liste socialiste était jusqu’ici en tête à Molenbeek. Le sera-t-elle encore ? C’est évidemment la question. Le nom Moureaux peut-il ramener le PS au pouvoir ? Au sein de la locale du parti, l’arrivée à Molenbeek de Catherine Moureaux en aura bien crispé l’un ou l’autre, mais dans l’ensemble, on peut dire que la greffe a pris. De toute façon, pas le choix: il fallait une tête de liste solide pour combler le départ de l’homme populaire de Molenbeek, et avancer soudé pour faire face aux affaires qui ont affecté l’image du parti socialiste. Vis-vis de la population, l’enjeu est plus délicat: comment séduire les nostalgiques de l’ancien bourgmestre, sans faire fuir ceux qui attendent une rupture? Catherine Moureaux a bien compris ce double enjeu. Elle se dit à la fois héritière de son père sur le plan idéologique, mais insiste sur la différence de génération politique. Vers une alliance MR-PS ? N’en déplaise aux instances des partis, l’alliance socialiste-libérale n’est pas exclue à Molenbeek. D’une part parce qu’aucune des deux têtes de liste ne la rejette d’emblée. Et d’autre part, parce que la bourgmestre en a sans doute un peu marre d’avoir une opposition au sein de sa propre équipe. Le CDH, mais surtout Ecolo, lui font – c’est vrai- un peu la vie dure. Sans compter que la majorité reste un peu étriquée arithmétiquement parlant. Une meilleure assise au conseil communal serait plus confortable. Autres coalitions possibles ? Officiellement, pour la bourgmestre et son équipe, si les résultats des élections le permettent, un statu quo est le scénario privilégié (« question de stabilité »). Mais les partenaires Ecolo et CDH ont été très gâtés, en terme de compétences au
Discrimination à l’embauche : L’OCDE pointe à nouveau la faiblesse belge !
Ce vendredi 30 juin 2017, j’ai interrogé le Ministre bruxellois de l’emploi sur le rapport OCDE sur notre marché de l’emploi. L’occasion de faire le point sur la mise en ouvre du plan bruxellois de lutte contre la discrimination à l’embauche. L’OCDE pointe tout particulièrement, et c’est dans la continuité de ses rapports précédents, un écart magistral entre les taux d’emploi des immigrés “non-européens de deuxième génération” (48.7%) et celui des “autochtones” (69.7%). Cet écart est parmi les plus élevés de l’Union européenne ! Alors où en est notre plan bruxellois de lutte contre la discrimination à l’embauche? Voici les grandes lignes de la réponse du Ministre. 1/L’ordonnance anti-discrimination devrait passer en troisième lecture au Gouvernement la semaine prochaine ! Youpie !!! Pour rappel c’est le texte de loi qui devrait permettre aux inspecteurs régionaux de pratiquer du testing des employeurs. 2/Le Ministre a bien envoyé des travailleurs supplémentaires pour aider les services de la Communauté en matière d’équivalence. 3/Le monitoring bruxellois est sur le métier à Actiris (on n’a pas les moyens aujourd’hui de produire des statistiques “bruxello-bruxelloises”). Mais il s’agit seulement d’une étape de “faisabilité”… En conclusion, la lutte contre la discrimination avance même si c’est un mouvement lent.
Manque de transparence dans l’accès aux places en crèche – DH du 29 juin 2017
Le 26 juin 2017, j’ai déposé une résolution visant la transparence du processus d’accès aux places d’accueil de la petite enfance. A lire en cliquant sur le lien suivant: Résolution transparence Le 29 juin 2017, la DH a publié un article sur le sujet intitulé « Manque de transparence dans l’accès aux places en crèche » que vous pouvez lire ci-dessous: Manque de transparence dans l’accès aux places en crèche La députée Catherine Moureaux (PS) a déposé une proposition de résolution pour répondre aux inquiétudes du secteur.Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit le plus rapidement possible prendre des mesures afin de rendre transparent le processus d’attribution de places de crèches reconnues et subsidiées par l’ONE. Dans le contexte actuel d’insuffisance de l’offre par rapport à la demande, il est crucial de permettre aux parents de connaître leur ordre dans les différentes listes d’attente, mais aussi de mieux informer ceux-ci sur les différentes procédures d’inscription, de classement et d’évolution. Tel est le sens global de la proposition de résolution que vient de déposer la députée Catherine Moureaux (PS) au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un texte jugé positif et allant dans la bonne direction par la Ligue des familles. « Malgré l’ouverture de plusieurs milliers de places d’accueil via les différents plans cigogne, l’accès à un milieu d’accueil comporte encore de nombreux freins. Dans certaines régions, les listes d’attente des milieux d’accueil s’allongent. L’accessibilité pleine et entière des milieux d’accueil n’est pas garantie pour tous les enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles. De plus, il est reconnu que, pour les enfants issus de milieux à faible niveau de revenu, l’accueil précoce en milieu d’accueil contribue à réduire les inégalités de développement. Par ailleurs, de nombreux parents sont démunis face aux démarches à effectuer en vue de confier leur enfant en milieu d’accueil. Les procédures sont en fait aussi variées que les milieux d’accueil », observe ainsi la députée socialiste. Afin d’améliorer la transparence dans le secteur de la petite enfance, la parlementaire bruxelloise propose entre autres d’étudier la possibilité de créer des guichets locaux d’accueil d’enfants, d’assurer la communication auprès des parents quant aux démarches à entreprendre pour obtenir une place lors des consultations prénatales, mais aussi de permettre à chaque parent de connaître son ordre dans les listes d’attente. Le gouvernement est également vivement encouragé à mettre en œuvre la réforme du monde de la petite enfance prévue dans la déclaration de politique communautaire 2014-2019. « Les parents ont besoin de transparence, surtout dans un contexte où il y a un problème de confiance envers le politique », insiste la socialiste. Du côté de la Ligue des familles, on se félicite en tout cas de l’initiative de la députée francophone. « Il n’y a pas assez de transparence dans l’attribution des places. On ne connaît pas toujours bien les critères et, souvent, rien n’est centralisé au sein d’une même commune. Les parents doivent parfois s’inscrire dans les sept crèches de leur commune, sans trop y voir clair. Le texte va dans le bon sens », indique l’association. Julien Thomas
Résolution imposant la transparence du processus d’accès aux places en crèche
PROPOSITION DE RÉSOLUTION VISANT LA TRANSPARENCE DU PROCESSUS D’ACCÈS AUX PLACES D’ACCUEIL DE LA PETITE ENFANCE DÉPOSÉE LE 26 JUIN 2017 PAR MME CATHERINE MOUREAUX ET M. DIMITRI LEGASSE ET MME MURIEL TARGNION ET M. PATRICK PRÉVOT ET MME ISABELLE EMMERY Développements Idéalement, l’accessibilité des milieux d’accueil devrait être garantie pour tous. En effet, l’accueil de la petite enfance assure trois fonctions importantes1,2,3,: Une fonction éducative, qui favorise l’épanouissement de l’enfant en développant ses compétences ; Une fonction sociale, de soutien à la parentalité et de création du lien social ; Une fonction économique, permettant aux parents de poursuivre leur vie professionnelle, de suivre une formation, de rechercher un emploi ou d’effectuer des démarches dans ce sens. La fonction économique est évidente pour tous aujourd’hui et nous ne la développerons pas. Notons juste qu’elle est essentielle en termes de développement de l’égalité hommes-femmes. En ce qui concerne la fonction de soutien à la parentalité, elle « se concrétise, par exemple, par un soutien de type socio-sanitaire, en permettant à l’enfant d’évoluer dans un milieu de vie adapté (hygiène, sécurité matérielle et affective, respect des rythmes, etc.), ce qui est particulièrement important lorsque le logement familial ne le permet pas. Ou encore par un soutien éducatif ; en offrant aux parents des lieux où ils sont confrontés à d’autres pratiques éducatives que les leurs, le milieu d’accueil permet à ceux-ci de se construire des repères pour éduquer leur enfant»4. En outre, les milieux d’accueil travaillant dans un climat d’ouverture et de dialogue avec les familles favorisent la création de liens entre parents et le développement d’une relation de partenariat entre parents et professionnels, valorisant ainsi les compétences des parents. Ils remplissent une fonction de lien social : « le milieu d’accueil est un lieu de (re)socialisation parentale car les parents peuvent y rencontrer les professionnels qui prennent soin de leur enfant, mais aussi d’autres parents »5. Quant à l’aspect éducatif, il est primordial pour tous les enfants. La fréquentation d’un milieu d’accueil participe de fait au développement de l’enfant, tant par l’acquisition du savoir-être que par celles des savoir-faire. Il semble désormais acquis qu’une socialisation en milieu d’accueil à partir de l’âge de six mois est favorable au développement, et, à partir de un an, très favorable au devenir de l’enfant6. De plus, il est reconnu aujourd’hui que, pour les enfants issus de milieux à faible niveau de revenu, l’accueil précoce en milieu d’accueil contribue à réduire les inégalités de développement7. Or, malgré l’ouverture de plusieurs milliers de places d’accueil via les différents plans cigogne, l’accès à un milieu d’accueil comporte encore de nombreux freins. Dans certaines régions, les listes d’attentes des milieux d’accueil s’allongent. L’accessibilité pleine et entière des milieux d’accueil n’est pas garantie pour tous les enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles. Par ailleurs, de nombreux parents sont démunis face aux démarches à effectuer en vue de confier leur enfant en milieu d’accueil. Les procédures sont en fait aussi variées que les milieux d’accueil. L’information sur l’évolution du rang dans la liste est extrêmement difficile à obtenir et dans certains cas, les parents se retrouvent sans indication précise sur les possibilités d’accueil. Cette situation entraîne de grands espoirs suivis de déconvenue, de dépit. Par manque d’information en temps utile, de nombreux parents doivent revoir leur organisation professionnelle ou leurs différentes démarches de formation, en particulier à l’occasion d’un refus d’inscription tardif. Selon l’enquête menée par la Ligue des Familles en 2015, 54% des parents se disent stressés par la recherche d’un milieu d’accueil8 en Belgique francophone. Les témoignages pointent principalement comme source de stress la carence d’informations et le délai d’attente avant la réponse définitive. Ainsi la transparence constitue un outil essentiel du processus d’accès à une place d’accueil dans les milieux d’accueil de la petite enfance afin de permettre aux parents une organisation optimale de leur vie professionnelle et de leur vie privée. L’instauration d’un système plus transparent dans les modalités d’inscription permet de lutter efficacement contre les discriminations basées sur l’origine ou le statut socio-économique subies ou ressenties par certains parents. Pour les pouvoirs publics, il s’agit d’une question de bonne gouvernance et d’affirmation de l’égalité de traitement entre tous les citoyens. Dans le contexte de pénurie de places, il est indispensable de fermer la porte à tout abus et à tout régime qui ne serait pas basé sur des éléments objectifs. Tous les parents doivent pouvoir connaître, et ce à tout moment, les procédures d’inscription ainsi que les procédures de classement et d’évolution de rang dans les listes d’attente. Cette transparence doit être garantie pour tous les milieux d’accueil subventionnés. Enfin, la transparence est également un outil de pilotage du système. Lorsque la transparence est acquise, l’évaluation des demandes peut enfin prendre place dans le système. En effet, aujourd’hui le pilotage de la politique publique d’accueil se base quasi exclusivement sur une norme en termes d’offre. Les demandes ne sont pas connues au niveau de la Communauté française. La transparence est un premier pas vers la connaissance accrue des demandes exprimées et des demandes rencontrées. Notons qu’en Flandre, un seul opérateur local est reconnu et les parents savent où aller pour s’informer et s’inscrire. L’idée d’un guichet local unique pour l’accueil de la petite enfance semble de fait appropriée si l’on veut avancer vers une simplification des procédures d’inscription et une centralisation telles que voulues par la déclaration de politique communautaire. Notons aussi qu’il existe un autre moment où les démarches pourraient être rappelées à tous les parents : c’est l’enregistrement de la naissance au guichet communal. Bien évidemment, améliorer l’accessibilité aux milieux d’accueil passe aussi par d’autres mesures. D’un point de vue financier, l’adaptation de la participation financière des parents aux revenus des parents est une mesure qui va dans le sens d’une plus grande accessibilité. Aujourd’hui, l’ensemble de l’offre des milieux d’accueil n’applique pas ce principe. Ceci limite dès lors l’impact positif du système. Enfin d’un point de vue géographique, l’accessibilité concerne quant à elle la localisation des milieux d’accueil et les possibilités de les atteindre. La programmation des milieux
Comment les dispositifs politiques peuvent-ils garantir la participation des publics ? – Bruxelles Santé N°86
Comment les dispositifs politiques peuvent-ils garantir la participation des publics ? Les techniques développées en santé communautaire et la notion d’ « expert du vécu » sont de plus en plus largement acceptées comme utiles à la chose publique dans son ensemble. Elles sont aussi au cœur de développements plus controversés : manipulation de groupe à des fins d’endoctrinement, panels non représentatifs ou dont le but est finalement le gain personnel plus que l’action collective… Dans ce contexte, comment garantir une vraie participation des publics, qui amène de la valeur ajoutée collective, qui ne reste pas cantonnée à de l’empowerment, utile par ailleurs, mais qui peut prendre place dans bien d’autres contextes ? Une participation qui devient synonyme d’engagement, de lien social fort, qui consolide notre société ? Il n’est pas simple de répondre à cette question. Mais il me semble que le plus important est avant tout de garantir aux participants qu’il sera fait quelque chose de leur avis. Du respect donc, en premier lieu. Car sinon le processus ne fera qu’éloigner la population, qui aura investi des heures en vue de fournir un travail utile, des politiques et mesures mises en place. Et pas sûr qu’elle sera à nouveau réceptive à la prochaine initiative du même type, quand bien même elle serait mille fois mieux organisée ! Ensuite, pour ainsi dire concomitamment, il faut des moyens ! Car le respect des avis émis ne pourra être garanti que moyennant un investissement important dans le processus mis en place. Pour qu’il soit qualitatif, mais surtout parce que c’est à ce prix seulement que la représentativité du panel sera au rendez-vous. Or celle-ci est clé pour garantir la légitimité du processus et la légitimité pour les politiques d’adopter les conclusions de la participation plutôt que de décider eux-mêmes en faveur des individus qu’ils veulent défendre. Car elle est clé pour garantir que le processus tient en compte au premier chef l’intérêt du plus grand nombre ! Catherine Moureaux Présidente du Groupe PS au Parlement francophone bruxellois, Députée bruxelloise et au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Cet article est paru dans Bruxelles Santé n°86 – Juin 2017: www.questionsante.org
Reconnaître la ségrégation et la souffrance des Métis
Ce mercredi 7 juin 2017, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté la résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées. Mon intervention ci-dessous: « Monsieur le Président, chers collègues, c’est un honneur pour moi de vous présenter ce travail. C’est la continuation d’un travail entamé il y a plusieurs mois au Parlement francophone bruxellois, où toutes les familles politiques présentes aujourd’hui sont présentes et où nous avons travaillé de manière assez originale, soutenue et dans une unanimité presque parfaite, sur le thème. Nous y avons travaillé sur une forme qui n’existe pas malheureusement dans notre règlement ici et peut être pour les chefs de groupe présents, c’est quelque chose qui pourrait être développé. Nous avons travaillé à une résolution endossée par la commission des Affaires générales du Parlement francophone bruxellois. Cette modalité n’existe pas dans notre règlement, et c’est dommage. Nous y avons travaillé sous une forme qui n’est pas proposée dans notre règlement ici. C’est dommage, car, pour des questions comme celle-ci, cela pourrait être judicieux de manière à endosser largement des textes qui ont un caractère un peu particulier comme celui que je vais présenter aujourd’hui. De quoi s’agit-il? Il s’agit de l’histoire de la colonisation, de la décolonisation et de l’indépendance. Il s’agit de l’histoire de plus de 10 000 enfants se déroulant sur une période s’étendant du début du XXe siècle à 1960. Plus de 10 000 enfants donc qui ont été séparés de leurs parents par l’État, par les institutions religieuses, au motif, au seul motif qu’ils avaient une couleur de peau qui n’était pas la bonne.Ces enfants étaient métis, ces enfants étaient issus pour la plupart issus d’unions entre des pères blancs et des mères originaires d’Afrique subsaharienne – avec quelques cas, très rares, dans l’autre sens. Laissez-moi vous lire tout d’abord deux témoignages. Pour commencer, voici celui d’Evelyne Schmit qui a aujourd’hui65 ans. Il a été recueilli en 2016. Elle témoigne dans un magnifique reportage que je vous conseille, intitulé «La couleur du péché». « La couleur du péché », c’est la manière dont les missionnaires et les sœurs parlaient des métis. Voici ce qu’elle a raconté: «À deux ans et demi, mon père Pierre Schmit est venu m’arracher des bras de ma mère. Il attendait que je sois propre pour pouvoir me placer dans un internat spécial pour métis. Il a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour me trouver, car ma mère me cachait à chaque fois qu’il venait. Il a d’ailleurs fini par m’emmener de force.» Elle dit ensuite: «La plupart des pères blancs ne voulaient pas que leur enfant métis grandisse dans la culture africaine. Ils voulaient qu’on reçoive une éducation occidentale, qu’on s’habille, qu’on mange et qu’on parle comme des blancs.» Sur son enfance moins précoce, lorsqu’elle était à l’orphelinat, elle dit encore: «Je me rappelle que nous nous demandions souvent pourquoi nous étions loin de nos parents, qu’avions-nous fait pour être mis à l’écart? Nous en avons déduit que c’était à cause de notre couleur de peau. Il y avait les Blancs, les Noirs et puis il y avait nous.» Le commentateur du reportage dit alors: «Il faut dire que les métis ne viennent pas seuls à cette conclusion». Il explique alors que les missionnaires rappelaient souvent aux métis que leur peau portait «la couleur du péché». Evelyne Schmit dit encore bien plus tard: «Il y a quelque chose qui nous a tous fait souffrir et qui a forgé notre identité commune. C’est le sentiment de n’appartenir à aucun groupe, de toujours passer pour l’étranger. En Afrique, on me pointait du doigt dans la rue. On se moquait parfois de moi. En Belgique, les parents ne laissaient pas leurs enfants jouer avec moi à cause de ma couleur de peau et de ma situation d’orpheline. Aux États-Unis, les gens de la communauté afro-américaine m’ont rejetée en apprenant que mon père était blanc. Partout où j’ai vécu, le même schéma se répétait: il y avait les Noirs, les Blancs et puis moi, là, entre les deux.» Ce témoignage est poignant et nous montre combien limiter une personne à sa couleur de peau peut faire des dégâts. Ici on passe par les métis pour cela mais c’est clair que la dichotomie identitaire, c’est quelque chose qui fait des dégâts terribles dans nos sociétés encore aujourd’hui. J’aimerais maintenant vous lire le témoignage de Madeleine Apendeki, mère d’enfants métis. Cette dame avait deux filles qui lui ont été enlevées. Son témoignage a été recueilli il y a bien des années en 1986 à Uvira au Congo. Madeleine Apendeki dit ceci: «La sœur Edmée m’a dit que cette dame est venue d’Europe et s’est rendue au parquet afin de demander une autorisation d’aller chercher un enfant à l’internat de Save, car elle n’avait pas d’enfant.» Précisons que l’internat de Save est un internat souvent mentionné lorsqu’on parle de cette thématique. C’est un internat du Rwanda, duquel sont venus près de 300 enfants en Belgique à l’indépendance. «Quand elle est arrivée à Save, la dame venue d’Europe a choisi votre fille et c’est pour cela qu’on vient vous demander si vous acceptez que votre fille aille en Europe pour continuer ses études à charge de cette dame.» Madeleine Apendeki poursuit: «J’ai refusé catégoriquement. La sœur Edmée a essayé de me calmer, mais j’ai refusé. Ils ont dû fuir avec l’enfant dans la voiture. J’ai essayé de courir après la voiture, mais c’était impossible.» Plus tard dans son témoignage, elle dit: «Je demande à mes enfants de ne pas penser que je les ai abandonnées.»Vous voyez les traumatismes subis de part et d’autre. Avant de continuer, à ce stade, je voudrais remercier l’Association des Métis de Belgique (AMB) parce que nous avons travaillé pratiquement «main dans la main» au Parlement francophone bruxellois. C’était un travail très original et intéressant. Nous avons pu entendre les témoignages de ces personnes. Je voudrais remercier en particulier François Milliex, président de l’AMB, et son épouse ainsi que Charles Géradin, vice-président
Ne rien oublier, relever la tête et défendre une société ouverte et émancipatrice.
En ce 22 mars 2017, nous n’avons rien oublié. Rien oublié des attentats ignobles qui ont tué 32 personnes et blessé 320 autres il y a tout juste un an. Rien oublié de la souffrance des survivants, des familles et des proches. Rien oublié non plus du courage des secouristes, policiers, pompiers, militaires, du personnel de l’aéroport, des travailleurs de la Stib, et des citoyens qui se sont engouffrés dans l’horreur pour venir en aide aux victimes. Définitivement, non. Nous n’oublierons pas ce 22 mars et ce coup de poignard des adorateurs de la secte mortifère DAESH porté au cœur de notre société pour mieux la diviser. Aujourd’hui, leur stratégie porte ses fruits pourris. Les réflexes de repli sur soi et de peur de l’autre sont en augmentation dans toute l’Europe. Impossible de les laisser faire ! Nous ne pouvons laisser la gangrène et les attiseurs de haine s’installer et pulluler, au risque de voir le délitement complet de notre société! Nous devons donc relever la tête, rester lucides et passer à l’action pour défendre nos valeurs de liberté, d’égalité, d’ouverture et de fraternité, pour défendre une société émancipatrice et garantir la sécurité pour tous! Cela veut dire lutter efficacement contre le terrorisme en ciblant son financement et en adoptant un point de vue critique des tensions géopolitiques actuelles. Cela veut aussi dire garantir l’égalité des citoyens et l’émancipation de chacune et de chacun en éradiquant toutes les formes de discriminations, qui font le lit de la haine et du repli sur soi. Cela veut dire construire et alimenter une solidarité chaude, tous les jours, partout et chacun. Une solidarité qui commence généralement entre deux individus, puis s’étend à la famille, pour entraîner parfois ensuite tout le quartier. Une solidarité qui fasse du lien social une réalité concrète. Qui fasse du lien social notre meilleur rempart contre la gangrène des attiseurs de haine. Ce défi, nous le réussirons ensemble et uniquement ensemble ! La plaie est encore ouverte et la cicatrisation difficile mais rappelez-vous : ne rien oublier, relever la tête et défendre une société ouverte et émancipatrice !
57 ans après, début de la reconnaissance de la ségrégation des métis issus de la colonisation belge
Ce vendredi 24 février, nous avons adopté la résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées en commission du budget du Parlement francophone bruxellois. Mon intervention et la résolution ci-dessous: Madame la présidente, chers collègues, Je suis très heureuse, et très fière, de pouvoir apporter mon soutien au texte de résolution qui est aujourd’hui à l’ordre du jour. Nous sommes aujourd’hui en présence de quelque chose de plus qu’une résolution. C’est un travail d’introspection. Ce texte nous permet en effet de réaliser un examen de conscience de ce que nous sommes – nous élus du peuple belge. Quel bilan pouvons-nous tirer des accomplissements – glorieux comme odieux – de la société que nous représentons, aujourd’hui comme dans le passé ? Est-ce que nous utilisons à bon escient cette petite part de représentativité temporaire et de cette confiance dont nos concitoyens nous gratifient ? Est-ce que les institutions que nous bâtissons jour après jour servent toujours au mieux notre société ? Est-ce que nous les améliorons ? Est-ce qu’elles ont toujours été exemplaires ? Est-ce qu’aujourd’hui nous pouvons regarder droit dans les yeux nos amis de l’Association des Métis de Belgique et leur dire que tout va bien et que nous sommes droits dans nos bottes, avec la paix dans l’âme ? La réponse est évidemment non. Au cours des derniers mois nous nous sommes plongés, au cours de nombreuses réunions de travail, en lisant les ouvrages comme celui d’Assumani Budagawa, dans notre propre passé. Il y a un petit siècle à peine, notre société belge, bourgeoise, positiviste, instruite, civilisée, industrialisée, organisait un régime par bien des aspects criminel. Notre res publica constitutionnelle, parlementaire et démocratique perpétrait des crimes en-dehors de ses frontières. La main sur le cœur, un exemplaire de notre Constitution libérale consacrant les droits de l’Homme dans l’autre main, le colonisateur belge bâtissait ses institutions prétendument modernisatrices. Un crime auquel tout le monde se livre et dont personne ne s’émeut perd son statut de crime, c’est-à-dire de tabou interdit et sanctionné par la société. L’exploitation des richesses naturelles et des populations d’Afrique était légitimée par une idéologie raciste qui travestissait le crime avec un voile d’œuvre civilisatrice. Non seulement le crime n’était plus le crime, mais il était même un apport de civilisation à ceux qui en étaient privés. Le crime était donc positif. Chers collègues, Nous sommes aujourd’hui très loin d’avoir fait le bilan de tous les méfaits commis en Afrique et de par le monde dans le contexte du colonialisme. À mesure que cette période s’éloigne de nous, les crimes de nos aïeuls deviennent une abstraction pour des gens qui ne les comprennent pas ou ne les connaissent pas. La psychique est ainsi faite que nous avons tendance à oublier nos défauts et nos erreurs pour construire une image favorable de nous-mêmes ou de la communauté humaine à laquelle nous appartenons. Dans ce contexte la facilité tendrait à nous amener à oublier les crimes du passé de notre pays. C’est plus confortable de balayer cela sous le tapis, d’autant plus que bientôt plus aucun témoin, victime ni auteur de ces crimes ne sera plus là pour en parler. Ce n’est pas ainsi que je fonctionne, et ce n’est pas ainsi que fonctionne mon Parti. Ce n’est en principe même pas la philosophie sur laquelle notre pays est fondé. « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ». C’est le libellé de l’article 1382 du Code civil, en vigueur dans nos régions depuis plus longtemps que notre Constitution. La philosophie dont cette courte phrase est porteuse est à la base de l’ordre auquel l’État belge est également soumis. Cela veut dire qu’aujourd’hui l’État belge est tenu de réparer les crimes commis en son nom par le passé. La première chose est de reconnaître ces crimes et les dommages, les souffrances qu’ils ont causé à leurs victimes, parmi lesquelles figurent les métis. Chers amis, Nous vous avons entendu. Nous vous avons compris. Nous reconnaissons pleinement vos souffrances et le lien de causalité entre celles-ci et les crimes que nos aïeuls ont perpétré au nom de l’État belge. À la modeste échelle de la Commission Communautaire Française, de son Assemblée que nous formons, et des compétences dont elle est dépositaire, en notre qualités de citoyens, d’élus, de libre-exaministes et de démocrates nous initions aujourd’hui un travail commun. Un travail de mémoire tout d’abord. Un travail de conscientisation et de renversement de la tendance. Par notre résolution d’aujourd’hui nous posons les jalons d’une enquête scientifique qui donnera lieu à une reconnaissance des crimes, à des excuses officielles et à des réparations. La finalité de l’article 1382 du Code civil que j’ai cité est la restauration d’un équilibre rompu, de serait-ce que de manière symbolique, par une compensation. Comment rendre à un homme ou à une femme les années passées loin de sa mère ? Le minimum c’est de l’aider à la retrouver. Le temps n’a malheureusement pas attendu. Certains ne retrouveront peut-être pas leur mère. Mais il est dans l’obligation de l’État belge de leur fournir des réponses à leurs questions. Qui suis-je comme individu ? Quel nom est-ce que je porte ? Est-ce qu’il y en a beaucoup d’autres dans ma situation, se posant les mêmes questions ? Ai-je un frère ou une sœur quelque part, dont j’ignore l’existence ? Je suis aujourd’hui fière que le Parlement francophone Bruxellois écrive aujourd’hui la première page d’un chapitre, que nous espérons plus heureux, de la vie des métis que l’État belge a bouleversé et assombri dès leur naissance. Je remercie mes collègues de la majorité comme de l’opposition pour ce travail commun qui se poursuivra dans d’autres assemblées parlementaires de notre pays. Je vous remercie de votre attention. Retrouvez la résolution en cliquant sur ce lien: résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées