Mission de trois parlementaires bruxellois à Al Hoceima
Le 28 octobre 2016, un jeune vendeur de poissons, Mohcin Fikri, meurt à Al Hoceima dans des conditions horribles : il est happé par une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise saisie par les forces de l’ordre.
Si ce drame émeut l’ensemble de l’opinion publique marocaine, il déclenche immédiatement la colère des habitants de la ville et de ses environs. Ils se reconnaissent dans cet évènement, symbole des difficultés relationnelles entre les citoyens et les forces de l’ordre mais aussi de la difficulté de gagner sa vie aujourd’hui dans cette ville marocaine. De plus, il préexiste dans la région un fort sentiment d’abandon envers l’autorité marocaine.
Dans les jours qui suivent, les rassemblements se multiplient sur le port puis dans toute la ville, les appels à se mobiliser sont relayés par les réseaux sociaux. Peu à peu un mouvement s’organise exigeant « la justice pour tous les Mohcin Fikri » : le « Hirak ».
Au fil des mois, la mobilisation ne faiblit pas. Les revendications s’étoffent. Elles portent désormais sur la situation économique et sociale, mais aussi sur la liberté d’expression et la lutte contre la corruption. Le conflit se durcit, plusieurs membres du mouvement sont arrêtés et incarcérés.
Force est de constater que le vaste plan de développement de la région prévu pour la période de 2015 à 2019 n’est toujours pas amorcé. Le Roi Mohamed VI a chargé les services compétents de mener une enquête sur la réalité effective de ce programme, « Manarat Al Moutawassit ».
Dans ce contexte tendu, nous avons pris la décision de nous rendre sur place pour une mission de parlementaires bruxellois socialistes.
En effet, beaucoup d’informations circulent, notamment par le biais des réseaux sociaux, et nous ressentons le besoin d’observer la réalité vécue par les citoyens d’Al Hoceima sur le terrain. Nous voulons mieux comprendre les enjeux multiples qui expliquent la situation actuelle pour pouvoir en témoigner de manière exacte et constructive.
Nous avons voulu, dans le programme de la mission, rencontrer tant les autorités politiques régionales et locales que les représentants du mouvement citoyen de contestation. Nous espérons aussi pouvoir rencontrer d’autres habitants. Nous nous plaçons résolument dans une posture d’ouverture à l’ensemble des points de vue.
En tant que députés socialistes, nous sommes particulièrement intéressés par les revendications socio-économiques des citoyens marocains dans leur ensemble. Pour nous, répartir les services publics est primordial. Et un Etat se doit de garantir l’accès à l’éducation et à des soins de santé de qualité à tous.
En tant que mandataires bruxellois vivant aux côtés d’une importante communauté d’origine marocaine, nous sommes conscients des efforts fournis par le Maroc en vue de son développement et souhaitons que celui-ci puisse profiter à l’ensemble de la population.
Enfin en tant que citoyens belges, femmes et hommes engagés, nous sommes sensibles à la question des droits politiques. La participation à la vie politique et démocratique des citoyens doit être libre et sans entrave. Porteurs de valeurs progressistes et de solidarité, il est pour nous primordial que la voix et les droits de tous les citoyens puissent être entendus et respectés.
Nadia EL YOUSFI – Cheffe de délégation, Sénatrice, Députée bruxelloise et à la Communauté française
Catherine MOUREAUX – Cheffe de Groupe PS au Parlement Francophone Bruxellois, Députée bruxelloise et à la Communauté française ;
Amet GJANAJ – Député bruxellois et Conseiller communal.