Article paru dans lalibre du 18 avril 2016 Dans le salon, à l’exception des photos des deux enfants du ménage, âgés de 2 ans et demi et de sept ans, peu d’éléments décoratifs ont été accrochés sur les murs bleu gris du salon. Seule l’imposante bibliothèque, remplie à ras bord, à côté de laquelle un petit bureau avec ordinateur et le parc du cadet ont été disposés, semble avoir fait l’objet d’une attention particulière. De l’autre côté de la pièce, deux canapés de taille modeste entourent une petite table basse et une télévision qui semble soudain minuscule. A côté, la toute vieille chaîne hifi familiale et une table sur laquelle fume encore une tasse de thé. Située dans le haut de la commune, entre la chaussée de Gand et le Mettewie, la petite maison familiale que Catherine Moureaux et son compagnon ont achetée, puis investie en novembre dernier, est simple, voire sans chichi, confortable, relativement lumineuse et dispose d’un petit jardin. « On a hésité avec une belle maison située entre Beekkant et la gare de l’Ouest qui avait une grande terrasse, mais ce qui nous a décidés, ici, c’est le jardin », explique celle qui est devenue en février 2015 la cheffe de file des socialistes molenbeekois. Après les dernières élections régionales, en mai 2014, la jeune femme, schaerbeekoise à l’époque, avait réalisé le 3e score socialiste à Molenbeek, juste derrière les ministres Rudi Vervoort et Fadila Laanan. Alors que son père Philippe Moureaux et les socialistes avaient été évincés du pouvoir lors des élections communales de 2012, la question du transfert de sa fille dans la désormais plus célèbre commune de Belgique s’est alors rapidement posée. Après neuf mois de réflexion, celle qui est également députée bruxelloise et chargée de cours à l’ULB avait pris sa décision : elle acceptait le défi. C’est-à-dire tout faire pour récupérer le mayorat perdu lors des prochaines élections de 2018. Caractère et valeurs En ce début du mois d’avril, Catherine Moureaux nous a ouvert les portes de sa maison, la première qu’elle achète, celle à Schaerbeek étant une location. « Il fallait trois chambres pour que les deux enfants aient la leur, ce qui n’était pas le cas avant. Il fallait aussi que ce soit bien desservi en transports en commun », explique-t-elle. « Cela a pris du temps ? La décision de venir a été longue, très longue, mais une fois que je l’avais prise, je voulais justement que ça aille très très vite. J’étais franchement impatiente, Je voulais que cela suive. Mais on a eu du mal à trouver la maison », s’exclame-t-elle. Celle qui aura bientôt 39 ans n’est pas du genre à traîner en route une fois qu’elle s’est fixé un objectif. C’est à huit ans qu’elle annonce à sa maman qu’elle deviendra médecin. Résultat : 20 ans plus tard, elle débute comme médecin généraliste au centre médical de la rue de la Victoire, dans le bas de Saint-Gilles. Durant dix années, la fille du célèbre bourgmestre va travailler quotidiennement là, où explique-t-elle , « un médecin peut jouer un rôle social, où il est au cœur des problèmes de la société ». Un laps de temps durant lequel la jeune femme, toujours pas affiliée au PS, se met lentement mais sûrement à réfléchir à une entrée en politique. « Je voyais les limites de mon action de médecin. Je voulais faire plus, faire bouger les choses », raconte-t-elle Depuis sa plus tendre enfance et durant 20 ans, Catherine Moureaux joue également au basket au haut niveau, occupant le poste de pivot. Une place qui consiste entre autres à intimider les adversaires qui cherchent à inscrire des paniers. Mais si la socialiste estime partager les mêmes valeurs que son père – au premier rang desquelles la détestation de toute discrimination – , elle insiste également : elle n’est pas son père. Pas question donc d’intimider et de passer en force comme le faisait son paternel. Au contraire, insiste-t-elle, place au dialogue et au collectif. En octobre dernier, elle annonçait d’ailleurs, aux côtés de la conseillère communale Farida Tahar, la tenue de différents ateliers au sein de la section, mais aussi une campagne de porte-à-porte, laquelle sera finalement reportée suite aux attentats de novembre. Défis sociaux Aujourd’hui, la situation sociale reste explosive dans la commune, le chômage des jeunes culminant à 40 % dans certains quartiers. Une situation insupportable, explique la Catherine Moureaux, et qui l’a notamment décidé à venir à Molenbeek. Elle en est convaincue, plus que jamais, les socialistes ont un rôle à jouer pour le futur de l’entité. « Il y a des perspectives, mais il va peut-être falloir faire appel à de nouvelles stratégies », explique-t-elle, évoquant de nouveau sa méthode de co-construction. Pour la députée, et cheffe de groupe à la Cocof, une seule certitude : il faudra miser sur l’enseignement et la culture. « Tout commence à l’école. Il nous faut les meilleurs enseignants à Molenbeek, et pour cela il faudra rendre ces postes plus attractifs financièrement. Il y a un talent incroyable chez les jeunes ! Il faut les aider à le développer. Notre richesse, ce sont les jeunes » !, insiste-t-elle. Julien Thomas
Moureaux renforcée au PS Molenbeekois
Article paru dans la dernière heure du lundi 14 mars: Moureaux renforcée au PS Molenbeekois Ce week-end, les sections locales PS ont élu leur président. Catherine Moureaux sort renforcée à Molenbeek, avec 94 % des voix. C’était week-end d’élection pour les membres des 19 sections locales bruxelloises, chargés d’élire leur président(e). Un scrutin à l’intérêt relatif dans les grandes communes de la capitale, faute de candidats. À Bruxelles-Ville (Rita Glineur), Schaerbeek (Yves Goldstein) ou encore Molenbeek (Catherine Moureaux), les candidatures uniques ont fait baisser d’un cran le suspens. Reste que le score de la fille de l’ancien bourgmestre Philippe Moureaux intéressait néanmoins les observateurs de la vie molenbeekoise. Parachutée en 2015 dans la commune, son arrivée avait fait grincer quelques dents au sein de la section locale. En remportant 94 % des suffrages, la députée sort renforcée. Du côté d’Anderlecht, c’est la députée bruxelloise Isabelle Emmery qui a été réélue avec 97 % des voix. Cette proche du bourgmestre Eric Tomas et de Fabrice Cumps, le premier échevin, reste donc à la tête du PS local, et préparera les élections communales de 2018. À la Ville de Bruxelles, c’est une proche de l’actuel bourgmestre Yvan Mayeur, Rita Glineur, qui succède à Jean-Marie Amand, un proche de l’ancien bourgmestre Freddy Thielemans. Du côté de Jette, où la section locale ne se porte pas bien du tout depuis le départ de l’ancien échevin Merry Hermanus, c’est Julien Casimir qui remporte l’élection. Reste à voir si le nouveau président recevra le soutien nécessaire en interne pour mettre dans l’ordre dans la section, et permettre à celle-ci de jouer enfin son rôle d’opposition. À retenir également : les élections de l’ancien échevin Joseph Corten à Evere, de Khalil Aouasti, conseiller communal depuis 2012, à Koekelberg, et de Luc Frémal, un proche du bourgmestre Emir Kir, à Saint-Josse. J. Th.
Monsieur Jambon, il faut un plan « canal » socio-économique!
Communiqué de presse du PS de Molenbeek, 08/02/2016 485 agents, pas de quoi remplir le manque structurel à Bruxelles ! Le PS de Molenbeek a pris connaissance par voie de presse des grandes lignes du plan « canal » de Jan Jambon. Force est de constater que les 485 engagements d’ici à 2019 ne suffiront pas à remplir le cadre nécessaire pour la Région bruxelloise. Rien que pour la zone Bruxelles-Ouest, le chef de zone notait un manque d’effectifs de 125 unités au lendemain des attentats. Par contre, les missions de la police locale seraient étendues. Autrement dit, alors que le cadre ne serait pas rempli pour les tâches de base, de nouvelles prérogatives seraient confiées. La délégation à la police locale, avec quelles limites ? Le PS de Molenbeek relève également l’ambiguité du Ministre Jambon quant aux missions de chacun. La base de données centralisée – qui aurait déjà dû accompagner les fameuses « listes de suspects » par le passé – mettra dans un pot commun une série d’informations. Du moins la police locale devrait transmettre toutes les informations dont elle dispose à l’Intérieur. L’inverse sera-t-il vrai ? Comment ne pas s’inquiéter dans le futur d’un nouveau rejet de la responsabilité sur les entités locales, alors même qu’elles resteront vraisemblablement sous-équipées et sous-informées dans la lutte contre le radicalisme violent ? Une évaluation précise de ce qui a manqué dans le dispositif précédent aurait été utile afin de déterminer plus précisément où les efforts devaient prendre place. L’appel à une réponse d’ampleur qui soit aussi socio-économique. Enfin, le PS de Molenbeek demande au gouvernement fédéral d’ajouter un volet socio-économique à son plan pour Bruxelles. En effet, l’exclusion sociale constitue un terreau fertile qui facilite la tâche des recruteurs. Le PS de Molenbeek veut remettre à l’ordre du jour la discussion sur les dispositions en matière d’exclusion des allocations de chômage. Il exhorte l’exécutif de Charles Michel à, à tout le moins, prévenir les risques liés à une application trop mécanique de cette législation. Ainsi, dans les 8 communes concernées, voire dans l’ensemble de la Belgique, un moratoire d’un an sur les exclusions du chômage – hors refus d’un emploi convenable – pourrait aider à préserver un certain nombre de jeunes d’une rupture trop grande avec la société, facilement exploitable par les filières djihadistes. Si l’idée est bien de compliquer la tâche aux recruteurs, alors il faut rendre moins audible leur discours sur l’exclusion sociétale généralisée des jeunes dans certains quartiers.
La majorité MR-CDH-Ecolo ne peut pas faire de nouvelles économies sur le dos du CPAS!
Communiqué de presse du PS et du sp.a Molenbeek, 17 février 2016. Les Molenbeekois doivent pouvoir compter sur leur CPAS. C’est encore plus vrai en ces temps de crise sociale prolongée. Or, depuis le début de la législature, la commune fait porter une part de plus en plus grande des économies sur le CPAS. PS et sp.a tirent la sonnette d’alarme: le service aux Molenbeekois les plus fragiles est menacé! Des économies, à la limite du supportable. Dans un but d’économie, de nombreuses mesures ont été prises ces trois dernières années. Ainsi plusieurs pans d’activité du CPAS ont été supprimés et de nombreux projets ont été revus à la baisse ou abandonnés depuis 2012: la pharmacie sociale, le service Démarrage,… Mais le budget 2016 va plus loin. Quasiment plus de remplacement du personnel malade. Veto sur le remplacement d’ordinateurs tel que prévu dans le plan d’investissement triennal, mais aussi sur l’achat de cartouches d’encre et autres consommables! Impasse sur l’entretien du serveur central, véritable centre névralgique de l’activité des services d’aide aux citoyens! Il s’agit de mesures vexatoires qui n’ont qu’un impact budgétaire limité mais mettent en danger le service aux citoyens, en mettant une pression insupportable sur les épaules des services sociaux. Un budget 2016 totalement irréaliste Pour ce qui concerne le noyau dur de l’activité du CPAS, en 2015, 5269 revenus d’intégration sociale (RIS) avaient été attribués. Aujourd’hui, alors que la crise économique est installée et que les exclusions du chômage ont commencé avec force, seuls 4600 RIS sont inscrits en dépenses au budget 2016! Autrement dit, il sera forcément impossible de rester dans l’épure budgétaire, à moins de retirer des RIS… Que fera le CPAS? Le budget devra-t-il être revu dans tous les cas? Les conditions d’octroi seront-elles revues? Ou la commune paiera-t-elle le surplus? Un CPAS dépossédé de toute autonomie Depuis le début de cette législature communale le bureau permanent du CPAS a dû faire et refaire des plans d’économie. En se basant sur les objectifs fixés par la commune. A chaque fois il y a eu aller-retours CPAS-commune. A chaque fois, la bourgmestre a exigé que les décisions prises au CPAS soient revues. De facto le CPAS n’est plus autonome. Il y a là aussi un facteur d’épuisement des agents. Le défi des jeunes allocataires sociaux Enfin, il est un pan de l’activité du CPAS qui mérite toute notre attention aujourd’hui. Il s’agit de l’insertion socio-professionnelle des jeunes de moins de 25 ans. Le coeur de cible des recruteurs de DAESH. Nous regrettons bien évidemment que ces jeunes soient tombés dans le dernier filet de la Sécurité sociale. Mais nous pensons qu’ils doivent trouver au CPAS un soutien pour repartir à l’emploi. Or ce service du CPAS de Molenbeek prend en charge 1000 jeunes par an. C’est énorme! Cependant l’envers du décor, c’est qu’il y en a 1000 autres qui n’ont aucun suivi en insertion socio-professionnelle. Nous demandons à la commune: ne vaudrait-il pas mieux investir auprès de ces jeunes? Au CPAS, vu les missions et l’organisation spécifiques, majorité et opposition gèrent en général ensemble. Mais ce soir nous ne voterons pas le budget du CPAS pour la première fois depuis 28 ans. Nous ne pouvons pas nous taire. Nous ne pouvons pas continuer dans la cogestion. La majorité MR-CDH-Ecolo met l’outil CPAS au bord du gouffre. Ce sera sans nous. La majorité MR-CDH-Ecolo ne peut pas continuer d’appauvrir les plus fragiles et le service aux plus fragiles. Nous lui demandons de trouver d’autres pistes d’économie
Discrimination à l’embauche: le PS réclame des mesures plus contraignantes
Voici les pistes que je propose pour agir dès maintenant contre la discrimination à l’embauche. Article paru dans lesoir du jeudi 11 février 2016. Discrimination à l’embauche: pourquoi les politiques ont peu d’effet A Bruxelles, le bilan des principaux outils anti-discrimination à l’embauche est jugé assez insatisfaisant par les acteurs du terrain. Le PS réclame des mesures plus contraignantes. En janvier, Samira a postulé pour un emploi d’enseignante dans une école de Jette. Elle n’a pas été rappelée. Elle s’est présentée sous le pseudonyme de Cécile et a subitement décroché un entretien. Mohammed a eu une histoire similaire : les portes du poste qu’il convoitait se sont subitement ouvertes lorsqu’il a choisi de se faire appeler Mathias. Ces exemples récents, très médiatisés, montrent à quel point la discrimination à l’embauche reste un problème conséquent à Bruxelles. Les chiffres du guichet discrimination à l’embauche d’Actiris (voir ci-dessous) le montrent : chaque année, de nombreux dossiers sont ouverts. Francine Devriese, responsable de la cellule, commente : « Depuis l’ouverture du guichet, il y a une constante : 50 % des dossiers concernent des personnes discriminées pour leur origine ethnique ou sociale. Alors que pour une grande partie des dossiers, les personnes concernées sont belges… Cela me fait me poser de nombreuses questions. » De manière générale, le phénomène est loin de s’améliorer : selon le dernier monitoring socio-économique, le taux de chômage des personnes d’origine étrangère reste beaucoup plus élevé (30 %) que celui des Belges d’origine (10 %). Les chiffres n’ont quasi pas bougé entre 2008 et 2012 (voir le graphique ci-dessous). « Alors que la proportion de la population d’origine étrangère est passée de 66 % à 72,1 % entre 2008 et 2012 », constate-t-on chez Actiris. Pour le PS, une formation politique particulièrement sensible à la question (la loi antiracisme de 81 a été portée par Philippe Moureaux, la loi anti-discrimination de 2003 par Laurette Onkelinx, les ordonnances bruxelloises diversité de 2008 par Rachid Madrane), il est temps d’aller un pas plus loin. La députée bruxelloise Catherine Moureaux juge les outils existants insuffisants, son avis est partagé par d’autres acteurs de terrain. Elle presse donc le ministre de l’Emploi Didier Gosuin (Défi), partenaire de majorité du PS à la Région, d’agir : « Il a trois armes qu’il peut utiliser dès maintenant. ». Des pistes Un : accélérer la mise en place de « Zeus », une zone franche autour du canal de Bruxelles où les entreprises reçoivent des aides si elles stimulent le recrutement local. Le projet (plus de détails ci-dessous) n’est nulle part. Selon Didier Gosuin, il se heurte à des problèmes législatifs : « La définition d’entreprise telle qu’elle est prévue dans le texte n’est pas correcte et les arrêtés doivent passer sous les fourches caudines de l’Europe. » Deux : utiliser toutes les compétences de la Région en ce qui concerne les agences d’intérim et les organismes d’insertion professionnelle. « Avec la réforme de l’Etat, le ministre Gosuin a des compétences, il est possible pour lui de pratiquer des testings (tests mettant en concurrence deux personnes pour tenter de prouver la discrimination, NDLR) », note la députée. Trois : retirer les aides économiques aux entreprises qui discriminent. On l’a dit plus haut, Actiris connaît, via le guichet, les entreprises pour lesquelles des dossiers sont ouverts. Pour Moureaux, on ne peut pas laisser ces informations dans un tiroir : « On peut décider de retirer les aides économiques aux entreprises qui discriminent. D’après moi, le ministre en connaît déjà certaines, il peut les saisir d’autorité ou après une enquête propre, via un testing. » Pour ces deux propositions, Didier Gosuin réplique qu’il ne peut agir que dans le cadre de la loi. Et, complexité institutionnelle belge oblige, la prise de sanctions envers les entreprises discriminantes (pour lesquelles il y a eu un jugement, ce qui n’arrive pas souvent dans les faits) est du ressort du fédéral, en vertu de la loi anti-discrimination de 2007. « Si nous faisons un testing et qu’il s’avère positif, nous ne pouvons pas sanctionner l’entreprise. Alors soit on ne m’écoute pas au parlement, soit on ne me croit pas. » Quoi qu’il en soit, Catherine Moureaux ne veut pas lâcher le morceau et travaille sur un dispositif qui serait plus contraignant pour les entreprises discriminantes. « La législation contraignante, cela fonctionne, justifie-t-elle. Pensez à la présence des femmes sur les listes électorales. » Problème potentiel : « Les employeurs sont souvent allergiques aux contraintes qui les concernent », relève Philippe Van Muylder (FGTB), pour qui il n’est pas impossible d’aller vers un système plus contraignant sans fragiliser les entreprises. Du côté de Beci (Union des entreprises de Bruxelles), on distingue la discrimination ordinaire (« On discrimine tous, chacun a des mécanismes de préférence lorsqu’il s’identifie à l’autre via l’âge, le sexe ou l’origine », explique Hayate El Aachouche) de la discrimination pour racisme. « Comment sanctionner quelqu’un qui n’a pas conscience qu’il discrimine ? Légalement, ce n’est pas forcément évident de faire la part des choses. Pour avancer, tous les secteurs doivent être sensibilisés à la question. » Quatre outils pas aboutis… ou peu efficaces La zone Zeus C’est quoi ? Zeus, c’est un acronyme pour « zone d’économie urbaine stimulée ». L’objectif est d’octroyer, sur une zone qui se déploie autour du canal de Bruxelles (sur des communes comme Molebeek, Anderlecht…), des avantages fiscaux aux entreprises qui privilégient l’embauche de riverains. Où en est-on ? Le principe de la zone franche a été approuvé au parlement en janvier 2014, alors que Céline Fremault (CDH) était ministre de l’Emploi. Depuis, aucun cadre budgétaire ou opérationnel n’a encore été prévu. « Zéro », déplore Catherine Moureaux. Didier Gosuin a mis en place, au 1er juin 2015, une « zone de développement » qui accorde des primes aux entreprises qui s’installent à cet endroit. « Mais sans aucune conditionnalité sur l’embauche des gens du quartier », regrette la députée socialiste, pour qui les deux projets se font concurrence. Pour rappel, lorsque le projet a été voté, il avait remporté une large majorité au parlement, à l’exception du FDF, parti de Didier Gosuin, qui s’était abstenu. La charte diversité C’est quoi? A Bruxelles, les entreprises peuvent signer des «chartes diversité» mais celles-ci n’ont rien de contraignant. L’initiative a été lancée par Benoît Cerexhe (CDH, prédécesseur de Céline Fremault au
Le respect des femmes par et pour tous
Carte blanche que j’ai cosignée et qui a été publiée dans le journal Le Soir de ce 14 janvier 2016 Le respect des femmes par et pour tous Au lendemain des violences survenues à Cologne la nuit du Nouvel An, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) a proposé de mettre en place et de rendre obligatoire un cours de « respect de ’la’ femme » pour les migrants. Jan Jambon a renchéri en déclarant « L’égalité homme femme fait partie de nos valeurs fondamentales. Personne ne pourra la remettre en cause, ni ceux qui sont nés dans le pays, ni ceux venus y trouver refuge »(1). Nous n’avons jamais vu nos hommes politiques défendre avec une telle énergie le respect dû aux femmes, et encore moins une de « nos » valeurs fondamentales qui serait l’égalité hommes-femmes. Pourtant, les premiers à mettre à mal cette égalité sont notamment certains politiques eux-mêmes. En tout cas, le respect de cette valeur fondamentale ne semblait pas les préoccuper en janvier 2015 lorsque ce gouvernement a décidé de prendre des mesures économiques dont l’impact est désastreux pour les femmes. En effet, l’effritement des droits sociaux pénalise plus fortement les femmes qui ont des emplois moins bien rémunérés que ceux des hommes ; les femmes ont souvent des jobs à temps partiels et subissent plus souvent des périodes de chômage et des interruptions de carrière. Le « gouvernement Michel » n’a absolument rien fait pour essayer d’atténuer l’effet de ces mesures qui accroît les inégalités bel et bien existantes en Belgique entre les hommes et les femmes. Parce que et contrairement à ce que Monsieur Jambon et Francken aimeraient nous faire croire, l’égalité entre hommes et femmes est encore bien loin d’être une réalité en Belgique ! Dans le monde du travail (2), nous, femmes, sommes 60% des diplômés universitaires mais ne sommes que 6% à occuper des postes de direction. Notre salaire est inférieur à celui des hommes de 10%. Ce pourcentage est de 42% pour celles qui travaillent sous le régime des indépendants (3). Ce sont essentiellement les femmes qui mettent entre parenthèses leur carrière professionnelle pour s’occuper des enfants. Économiquement les femmes sont précarisées par cela à tel point qu’au jour de la pension, elles touchent un tiers de moins que les hommes (4). Or, très peu de mesures positives sont prises par les gouvernements belges successifs. Au contraire : pas de congés de maternité hommes-femmes, peu de places supplémentaires et à prix raisonnable en crèche, pas d’aménagement du temps de travail des hommes afin qu’ils puissent aussi se consacrer à leur famille, pas de quota au niveau du nombre de femmes aux postes de manager, etc. En termes de justice, nous sommes les grandes perdantes puisque trois quarts des procès pour viol sont sans suite. En France, le procès de Jacqueline Sauvage a montré combien la justice était envahie de stéréotypes et de méconnaissances concernant les violences faites aux femmes (5) et rend, dès lors, des jugements iniques. Alors, Monsieur Jambon ; est-ce bien cohérent de nous exhorter à dénoncer les agressions sexuelles dont nous serions victimes ? Sauf à imaginer que la nationalité de l’agresseur vous motive à prendre ce problème au sérieux (6) ? Pourtant en Belgique 36% des femmes sont victimes de violence. Ce phénomène n’est pas nouveau et bien antérieur à l’arrivée de réfugiés Syriens ! D’autant que ces violences se passent pour l’essentiel au sein des familles et , contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les « méchants étrangers » les principaux responsables (7). Si l’idée de cours de comportement à l’égard des femmes voit le jour, ces chiffres démontrent que c’est à l’ensemble de la population que ce cours devrait être donné, à commencer à nos hommes politiques ! Mais plus encore que des cours, ce sont des politiques sérieuses et efficaces en matière d’égalité hommes-femmes que nous demandons avec vigueur. Nous rappelons que la loi dite « gendermainstreaming », adoptée en 2007, n’est toujours pas d’application au fédéral (8). Nous, femmes, nous opposons à l’instrumentalisation que vous, messieurs les politiques, faites de nos droits si mal défendus ni protégés jusqu’à présent, pour légitimer votre politique motivée par des enjeux électoraux. Nous refusons que vous nous utilisiez pour cautionner une politique dangereuse et stigmatisante qui participe à la spirale de violence dans laquelle nous allons être entraînées et que nous refusons d’alimenter. D’autant qu’en définitive, nous en serons les premières victimes. Texte rédigé par Sylvie Olivier, architecte féministe et Aurore Van Opstal, militante/réalisatrice féministe Signé par : Sfia Bouarfa, (PTB), Députée honoraire ancienne sénatrice Sahra Datoussaid, Militante féministe Céline Delforge, Députée bruxelloise, Ecolo Eléonore Dock, jeune féministe Eugenia Fano, Enseignante et présidente de l’asbl le cargox : plate-forme artistique de femmes Pauline Fonsny, Artiste Zoé Genot, Députée régionale ECOLO Julie Jaroszewski, Artiste Zoubida Jellab, Conseillère communale Ecolo Irène Kaufer, Militante féministe Zakia Khattabi, Coprésidente d’Ecolo Deborah Kupperberg, attachée à l’égalité des chances (cfwb) Valérie Lootvoet, directrice de l’Université des Femmes Bérengère Marques Pereira, présidente de l’Université des Femmes Marion Pillé, Artiste Vanessa Matz, Députée fédérale cdH Catherine Moureaux, Députée bruxelloise PS Axelle Red, Artiste Laurence Rosier, Professeure, Université Libre de Bruxelles Simone Susskind, Députée PS au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale (1) http://www.lesoir.be/1087659/articl… (2) http://ec.europa.eu/justice/gender-… (3) http://www.lesoir.be/49712/article/… (4) http://www.fgtb.be/web/guest/files-… (5) http://www.francetvinfo.fr/societe/… (6) http://www.lesoir.be/1087659/articl… (7) http://www.amnesty.be/je-veux-m-inf… (8) http://igvm-iefh.belgium.be/fr/doma… Carte blanche publiée dans le journal Le Soir de ce 14 janvier 2016
« Molenbeek: Catherine Moureaux prépare son plan de bataille pour 2018 »
Retrouvez ci-dessous le texte de l’interview conjointe de Farida Tahar et de moi-même par J. Th., parue dans la DH du 29 octobre 2015. Depuis que le bourgmestre Philippe Moureaux, (PS) a été évincé du pouvoir par une coalition MR-cdH-Écolo, lors des dernières élections communales de 2012, les socialistes molenbeekois se trouvent sur les bancs de l’opposition. Une expérience à laquelle ils n’étaient plus habitués, ayant été aux commandes de la commune durant plus de 20 ans. Entre-temps, la députée bruxelloise Catherine Moureaux (PS), la nouvelle chef de file locale est arrivée de Schaerbeek avec l’objectif de prendre le mayorat. Elle tente désormais d’insuffler une nouvelle dynamique dans la section locale. Le tout avec une méthode basée sur le dialogue et la participation. Ce mercredi soir, lors de l’assemblée générale organisée par la section PS dans son quartier général de la Maison de l’Égalité, les militants ont eu droit à la parole dans le cadre de quatre ateliers. « Les quatre thématiques étaient : les moyens d’action sur le terrain, les activités à déployer dans la section, et les communications interne et externe. Pour chaque sujet, on fait des propositions basées sur les suggestions des militants. On pense par exemple que quelqu’un de la section pourrait prendre le rôle de responsable de la communication », explique Catherine Moureaux, qui s’est entourée, pour la mise en œuvre de ces ateliers, de la conseillère communale Farida Tahar. « Avec les propositions formulées ce soir, on a apporté un diagnostic sans langue de bois sur la section. On veut aller très prochainement à la rencontre des Molenbeekois, mais on leur dit aussi : Venez, la porte est ouverte et nous sommes ouverts et réceptifs », explique cette dernière. « On est à mi-chemin de la législature. C’est le bon moment de discuter de ces propositions concrètes. L’objectif, c’est de se donner des objectifs et d’y aller ensemble. Cette méthode participative, c’est celle qui me correspond le mieux », indique Catherine Moureaux, qui souligne encore la richesse des propositions faites par les militants. J. Th.