« IRISCARE » : tous à bord ! IRISCARE est la structure qui va accueillir à Bruxelles les morceaux de politique sociale et de santé en provenance du fédéral post-réforme de l’Etat. IRISCARE gérera aussi les allocations familiales. Pour ce nouvel organisme d’intérêt public destiné à gérer quelques milliards, le législateur bruxellois a dû prendre de grandes décisions. Réunir social et santé en était une. C’est fait. Mais il a surtout fallu choisir si l’on perpétuait le mode de gestion paritaire prévalant à l’INAMI. Le PS a poussé pour cela. Tout d’abord parce que c’est un modèle qui a prouvé son intérêt au fédéral depuis 50 ans. Mais surtout parce que c’est un modèle où tous les acteurs, professionnels comme citoyens, patrons comme représentants des travailleurs, sont amenés à décider ensemble. Ceci amène une décision applicable sur le terrain, adaptée au terrain. Ceci amène une décision moins politisée et un modèle de gestion plus stable. C’est bien ce modèle qui a été choisi, faisant d’IRISCARE un « mini-INAMI » adapté à la réalité bruxelloise. Evidemment la difficulté de mettre en œuvre ce mini-INAMI à Bruxelles consistait, dans un organisme de taille raisonnable, à rencontrer les exigences de représentation, y compris néerlandophones. Le législateur bruxellois s’y est attelé. Ainsi IRISCARE sera composé d’un comité général de gestion, et de deux sous-comités, l’un chargé des allocations familiales, l’autre de la santé et de l’aide aux personnes. Ce dernier sera soutenu par 4 commissions techniques, se répartissant les compétences d’accueil et de prise en charge des dépendances (personnes âgées et hôpitaux), de santé mentale, de prévention, de première ligne de soins et de personnes handicapées. Aux différents niveaux seront impliqués les représentants des parties prenantes en charge de la matière traitée. Avec IRISCARE, une nouvelle aventure commence à Bruxelles ! Catherine Moureaux Présidente du Groupe PS au Parlement francophone bruxellois, Députée bruxelloise et au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Cet article est paru dans Bruxelles Santé n°85 – mars 2017 : http://questionsante.org/nos-publications-periodiques/bruxelles-sante
Ne rien oublier, relever la tête et défendre une société ouverte et émancipatrice.
En ce 22 mars 2017, nous n’avons rien oublié. Rien oublié des attentats ignobles qui ont tué 32 personnes et blessé 320 autres il y a tout juste un an. Rien oublié de la souffrance des survivants, des familles et des proches. Rien oublié non plus du courage des secouristes, policiers, pompiers, militaires, du personnel de l’aéroport, des travailleurs de la Stib, et des citoyens qui se sont engouffrés dans l’horreur pour venir en aide aux victimes. Définitivement, non. Nous n’oublierons pas ce 22 mars et ce coup de poignard des adorateurs de la secte mortifère DAESH porté au cœur de notre société pour mieux la diviser. Aujourd’hui, leur stratégie porte ses fruits pourris. Les réflexes de repli sur soi et de peur de l’autre sont en augmentation dans toute l’Europe. Impossible de les laisser faire ! Nous ne pouvons laisser la gangrène et les attiseurs de haine s’installer et pulluler, au risque de voir le délitement complet de notre société! Nous devons donc relever la tête, rester lucides et passer à l’action pour défendre nos valeurs de liberté, d’égalité, d’ouverture et de fraternité, pour défendre une société émancipatrice et garantir la sécurité pour tous! Cela veut dire lutter efficacement contre le terrorisme en ciblant son financement et en adoptant un point de vue critique des tensions géopolitiques actuelles. Cela veut aussi dire garantir l’égalité des citoyens et l’émancipation de chacune et de chacun en éradiquant toutes les formes de discriminations, qui font le lit de la haine et du repli sur soi. Cela veut dire construire et alimenter une solidarité chaude, tous les jours, partout et chacun. Une solidarité qui commence généralement entre deux individus, puis s’étend à la famille, pour entraîner parfois ensuite tout le quartier. Une solidarité qui fasse du lien social une réalité concrète. Qui fasse du lien social notre meilleur rempart contre la gangrène des attiseurs de haine. Ce défi, nous le réussirons ensemble et uniquement ensemble ! La plaie est encore ouverte et la cicatrisation difficile mais rappelez-vous : ne rien oublier, relever la tête et défendre une société ouverte et émancipatrice !
Fin des crèches non contrôlées à Bruxelles, nous y sommes ! Toutes les crèches de Bruxelles seront contrôlées !
Nous avons voté le projet d’ordonnance portant organisation des milieux d’accueil pour enfants en séance plénière du parlement bruxellois ce 10 mars 2017. Mon intervention ci-dessous: Madame la Ministre, Chers collègues, Ce mois compte malheureusement de nombreux tristes anniversaires: la catastrophe de Fukushima, les attentats de Bruxelles, et le décès de la petite Malaïka. Car il y a deux ans maintenant, le 19 mars, la petite Malaïka, dix mois, décédait des suites d’un traumatisme intracrânien survenu alors qu’elle était gardée à la crèche Bébés Câlins à Berchem-Sainte-Agathe. Dans les jours qui suivaient, on apprenait que la crèche avait été agréée par Kind en Gezin jusqu’en 2007 mais que l’agrément avait été retiré à la suite d’un autre incident dramatique! Depuis début 2007, la crèche Bébés Câlins n’avait donc plus d’agrément ni de Kind en Gezin ni de l’ONE. La crèche fonctionnait sans contrôle ! Hors contrôle ! Plus de 200 personnes marchaient alors en mémoire de Malaïka sous la banderole « Crèche non agréée – enfants en danger ». Je tiens à saluer la détermination et l’implication continue depuis de la famille et de leur soutien dans ce combat pour que plus jamais ne se reproduise un tel drame. Aujourd’hui, nous y sommes ! Le cadre légal sera posé. Toutes les crèches de Bruxelles seront contrôlées ! Personnellement, je me réjouis qu’on aboutisse après avoir suivi l’évolution du dossier de près, de très près, tant ici qu’à la Fédération. Je ne pense pas que ce soit vous, Madame la Ministre, qui êtes venue à chaque fois me répondre en commission qui allez me contredire ! Je me réjouis donc que cette situation inconcevable d’une crèche qui exerce sans contrôle prenne fin. Le parcours ne fut pas simple, déjà en mai 2015 vous vous engagiez fermement devant les parlementaires pour avancer sur un projet de texte. Une première fois la fin des crèches « hors contrôle » était annoncée pour septembre 2015. La tâche s’est avérée complexe. Vous avez mis en place des groupes de travail et travailler. Après un premier avis du conseil d’état que vous avez reçu en juillet 2016, un avant-projet d’ordonnance a renvoyé au conseil d’Etat, de nouvelles modifications, et nous voilà aujourd’hui. Tous ceux qui ont suivi le dossier savent que si on a dû patienter, ce n’est ni par manque de volonté des ministres concernés, ni par manque de coopération de leurs administrations – l’One et Kind&Gezin ont participé pleinement à l’élaboration de ce texte – mais à cause de la complexité institutionnelle et sectorielle. Aujourd’hui, nous posons donc le cadre légal pour mettre fin au vide juridique qui permettait à des milieux d’accueil d’exercer sans contrôle. C’est bien ça l’objectif de cette ordonnance. Je déplore qu’on n’ait pas pu aller plus vite pour obliger ces crèches soit à fermer soit à respecter des normes de qualité d’encadrement, de sécurité. On parle ici de 250 enfants concernés. Quelle aurait été notre responsabilité politique si un nouveau drame s’était produit ? Alors, quand j’entends certains regretter «qu’on n’ait pas saisi l’occasion pour développer une politique régionale en matière d’accueil de la petite enfance » – « qu’on n’ait pas saisi l’occasion », cela me choque ! L’objectif de l’ordonnance, je le redis, c’est après la mort d’un enfant il y a deux ans, de mettre fin aux crèches non contrôlées. Mettre fin à des agissements peu scrupuleux qui ont laissé croire à une impunité. Le nombre d’arnaques aux crèches en est également une des conséquences. Il n’est bien sûr pas question de fermer le débat sur la mise en place d’une politique régionale de la petite enfance. Mais combien de temps cela aurait pris encore ? Les questions sont tellement nombreuses : n’ira-t-on pas vers un définancement des communautés dans le secteur, comment mettre en place une administration aussi compétente que l’ONE et Kind&Gezin sans leurs expertises ? Avec quels moyens ? Certains, on vu dans cette ordonnance « l’occasion » de réaliser une 6 réforme bis de l’Etat. Je le dis ce débat peut et devra avoir lieu mais pas ici et pas maintenant ! Deux ans déjà qu’on attend ce cadre légal ! Cette ordonnance va également, et j’en suis satisfaite, faciliter le rôle des Bourgmestres en matière de fermeture de milieu d’accueil. S’ils pouvaient déjà les fermer pour diverses raisons, l’ordonnance clarifie le dispositif et leur pouvoir en la matière. Si la crèche n’est pas autorisée, et ce pour cette raison spécifique, ils pourront faire arrêter l’activité. C’est une avancée majeure dans la lutte contre les crèches clandestines ou hors contrôles. Cette ordonnance sera et devra être accompagnée d’un arrêté sur les conditions d’autorisation et d’un accord de coopération pour stabiliser le protocole de collaboration sur l’échange d’informations entre les institutions et sur l’organisation de l’appui des inspecteurs de la Cocom par des experts de l’ONE et Kind&Gezin. Le travail n’est donc pas terminé Madame la Ministre et je serais particulièrement attentive à l’aboutissement effectif de celui-ci. Quelles seront les conditions d’autorisation prévue par l’arrêté ? Sur l’infrastructure, la sécurité et santé, les normes d’encadrement et les qualifications du personnel, la politique pédagogique, la coopération avec la famille et la non-discrimination des enfants et des familles ? Notre réflexe premier serait de dire: on applique les normes les plus exigeantes. Madame la Ministre, qu’en pensez-vous ? Quels seront les exigences sur l’emploi des langues (direction, personnel, parents) ? Le passé nous a montré que les différences de normes entre les communautés ont pu créer des appels d’air à Bruxelles. Comment éviter cette situation dans un contexte dans lequel les normes évoluent – en communauté française une réforme du secteur est en cours d’élaboration par exemple ? Le rôle accru des communes et du bourgmestre a-t-il été adopté en concertation avec ceux-ci ? Je tiens également à me réjouir, c’était une de mes demandes depuis le début, de la mise en place d’un site internet reprenant toutes les crèches autorisées en Région bruxelloise. Ici aussi, c’est une avancée majeure pour les parents qui vont savoir directement si la crèche de leur choix est autorisée et par qui ! Quand ce site sera-t-il opérationnel ? Madame la Ministre,Chers collègues, C’est pour la petite Malaika, pour les
VIDEO – Ma participation à l’émission les Experts du 25/02/2017 : survol de Bruxelles, stade, transparence et enseignement bilingue.
VIDEO – Perturbateurs endocriniens, danger pour nos enfants?!
Question de Mme Catherine Moureaux à Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance, intitulée «Association française de consommateurs – Perturbateurs endocriniens» – 22 février 2017 Mme Catherine Moureaux (PS). – Nous avons eu l’occasion de discuter, en commission, des perturbateurs endocriniens et nous avions conclu que le Parlement et le gouvernement allaient travailler main dans la main à ce sujet. Nous y reviendrons, mais ce qui m’amène aujourd’hui à cette tribune, c’est la parution d’une étude d’une association française de consommateurs qui a testé 400 produits cosmétiques du quotidien – crèmes, lingettes, shampoings, savons, etc. – contenant du phénoxyéthanol, du BHA, etc., bref des dérivés du pétrole reconnus comme perturbateurs endocriniens. La plupart de ces produits sont disponibles en Belgique. Vos services à l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) ont-ils pris connaissance de cette nouvelle étude, sachant bien sûr qu’une série de réglementations, à l’échelon européen et au niveau belge, portent sur le contenu de ces produits? Malheureusement, l’Union européenne n’a pas véritablement appliqué le principe de précaution que nous avons eu l’occasion de vanter ici dans le débat relatif au CETA. Je voudrais donc savoir si l’ONE a pris connaissance de cette liste, si elle a pris des décisions à cet égard et, en particulier, si une nouvelle modalité de transmission des produits incriminés a été mise en place vis-à-vis des femmes enceintes lors des consultations, des milieux d’accueil et des parents, afin de protéger nos enfants. Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance. – Comme vous l’avez dit, nous avons déjà abordé cette question en commission le 17 janvier dernier et nous travaillerons main dans la main, Parlement et gouvernement, pour suivre ce dossier très important. Comme vous, je suis très attentive à l’amélioration globale de la qualité de la santé. L’ONE a chargé son comité scientifique d’examiner la liste des 400 produits incriminés et d’émettre un avis. Je rappelle que l’autorisation de mise sur le marché de ces produits relève de l’autorité fédérale. Si l’avis de ce comité confirme la dangerosité de certains produits, nous attirerons l’attention de l’État fédéral par le biais d’une interpellation, d’une lettre ou du Comité de concertation. Je ne doute pas que l’État fédéral prendra ses responsabilités s’il y a le moindre danger pour la population. Mme Catherine Moureaux (PS). – Ce recours au comité scientifique est une excellente initiative. Néanmoins, il ne me semble pas nécessaire d’attendre une décision du gouvernement fédéral pour faire progresser le dossier si ce comité confirme qu’une série de ces produits posent problème. Je souhaiterais que vous preniez rapidement les mesures nécessaires pour que ceux-ci ne soient plus utilisés dans les milieux d’accueil et lors des consultations. Il conviendrait également d’organiser une campagne destinée aux parents afin de les informer au sujet des produits à éviter.
57 ans après, début de la reconnaissance de la ségrégation des métis issus de la colonisation belge
Ce vendredi 24 février, nous avons adopté la résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées en commission du budget du Parlement francophone bruxellois. Mon intervention et la résolution ci-dessous: Madame la présidente, chers collègues, Je suis très heureuse, et très fière, de pouvoir apporter mon soutien au texte de résolution qui est aujourd’hui à l’ordre du jour. Nous sommes aujourd’hui en présence de quelque chose de plus qu’une résolution. C’est un travail d’introspection. Ce texte nous permet en effet de réaliser un examen de conscience de ce que nous sommes – nous élus du peuple belge. Quel bilan pouvons-nous tirer des accomplissements – glorieux comme odieux – de la société que nous représentons, aujourd’hui comme dans le passé ? Est-ce que nous utilisons à bon escient cette petite part de représentativité temporaire et de cette confiance dont nos concitoyens nous gratifient ? Est-ce que les institutions que nous bâtissons jour après jour servent toujours au mieux notre société ? Est-ce que nous les améliorons ? Est-ce qu’elles ont toujours été exemplaires ? Est-ce qu’aujourd’hui nous pouvons regarder droit dans les yeux nos amis de l’Association des Métis de Belgique et leur dire que tout va bien et que nous sommes droits dans nos bottes, avec la paix dans l’âme ? La réponse est évidemment non. Au cours des derniers mois nous nous sommes plongés, au cours de nombreuses réunions de travail, en lisant les ouvrages comme celui d’Assumani Budagawa, dans notre propre passé. Il y a un petit siècle à peine, notre société belge, bourgeoise, positiviste, instruite, civilisée, industrialisée, organisait un régime par bien des aspects criminel. Notre res publica constitutionnelle, parlementaire et démocratique perpétrait des crimes en-dehors de ses frontières. La main sur le cœur, un exemplaire de notre Constitution libérale consacrant les droits de l’Homme dans l’autre main, le colonisateur belge bâtissait ses institutions prétendument modernisatrices. Un crime auquel tout le monde se livre et dont personne ne s’émeut perd son statut de crime, c’est-à-dire de tabou interdit et sanctionné par la société. L’exploitation des richesses naturelles et des populations d’Afrique était légitimée par une idéologie raciste qui travestissait le crime avec un voile d’œuvre civilisatrice. Non seulement le crime n’était plus le crime, mais il était même un apport de civilisation à ceux qui en étaient privés. Le crime était donc positif. Chers collègues, Nous sommes aujourd’hui très loin d’avoir fait le bilan de tous les méfaits commis en Afrique et de par le monde dans le contexte du colonialisme. À mesure que cette période s’éloigne de nous, les crimes de nos aïeuls deviennent une abstraction pour des gens qui ne les comprennent pas ou ne les connaissent pas. La psychique est ainsi faite que nous avons tendance à oublier nos défauts et nos erreurs pour construire une image favorable de nous-mêmes ou de la communauté humaine à laquelle nous appartenons. Dans ce contexte la facilité tendrait à nous amener à oublier les crimes du passé de notre pays. C’est plus confortable de balayer cela sous le tapis, d’autant plus que bientôt plus aucun témoin, victime ni auteur de ces crimes ne sera plus là pour en parler. Ce n’est pas ainsi que je fonctionne, et ce n’est pas ainsi que fonctionne mon Parti. Ce n’est en principe même pas la philosophie sur laquelle notre pays est fondé. « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ». C’est le libellé de l’article 1382 du Code civil, en vigueur dans nos régions depuis plus longtemps que notre Constitution. La philosophie dont cette courte phrase est porteuse est à la base de l’ordre auquel l’État belge est également soumis. Cela veut dire qu’aujourd’hui l’État belge est tenu de réparer les crimes commis en son nom par le passé. La première chose est de reconnaître ces crimes et les dommages, les souffrances qu’ils ont causé à leurs victimes, parmi lesquelles figurent les métis. Chers amis, Nous vous avons entendu. Nous vous avons compris. Nous reconnaissons pleinement vos souffrances et le lien de causalité entre celles-ci et les crimes que nos aïeuls ont perpétré au nom de l’État belge. À la modeste échelle de la Commission Communautaire Française, de son Assemblée que nous formons, et des compétences dont elle est dépositaire, en notre qualités de citoyens, d’élus, de libre-exaministes et de démocrates nous initions aujourd’hui un travail commun. Un travail de mémoire tout d’abord. Un travail de conscientisation et de renversement de la tendance. Par notre résolution d’aujourd’hui nous posons les jalons d’une enquête scientifique qui donnera lieu à une reconnaissance des crimes, à des excuses officielles et à des réparations. La finalité de l’article 1382 du Code civil que j’ai cité est la restauration d’un équilibre rompu, de serait-ce que de manière symbolique, par une compensation. Comment rendre à un homme ou à une femme les années passées loin de sa mère ? Le minimum c’est de l’aider à la retrouver. Le temps n’a malheureusement pas attendu. Certains ne retrouveront peut-être pas leur mère. Mais il est dans l’obligation de l’État belge de leur fournir des réponses à leurs questions. Qui suis-je comme individu ? Quel nom est-ce que je porte ? Est-ce qu’il y en a beaucoup d’autres dans ma situation, se posant les mêmes questions ? Ai-je un frère ou une sœur quelque part, dont j’ignore l’existence ? Je suis aujourd’hui fière que le Parlement francophone Bruxellois écrive aujourd’hui la première page d’un chapitre, que nous espérons plus heureux, de la vie des métis que l’État belge a bouleversé et assombri dès leur naissance. Je remercie mes collègues de la majorité comme de l’opposition pour ce travail commun qui se poursuivra dans d’autres assemblées parlementaires de notre pays. Je vous remercie de votre attention. Retrouvez la résolution en cliquant sur ce lien: résolution concernant la ségrégation ciblée à l’encontre des métis issus de la colonisation belge et ses conséquences dramatiques, en ce compris les adoptions forcées
Frapper le terrorisme sans se tromper de cible!
Vivre en sécurité est un objectif pour tous. Et force est de constater que le monde d’aujourd’hui est plus insécurisant que celui d’hier. La pression mise sur notre société par DAECH est grande. Cette organisation terroriste a imposé sa stratégie de guérilla en Europe, reléguant les autres préoccupations de sécurité à l’état de menaces infimes. Vivre en sécurité est un objectif pour tous. Mais comment atteindre cet objectif? C’est à notre Ministre de l’Intérieur et à nos services de renseignements et de police de proposer la méthode. C’est à la population et à son Parlement élu de critiquer la méthode proposée. Critiquer au sens noble du terme: tant de manière positive que négative. Aujourd’hui, un certain nombre de voix s’élèvent pour critiquer négativement les méthodes choisies. Ce qui est pointé du doigt, c’est en particulier l’idée de ne pas cibler les actions, mais bien de les appliquer à tous les citoyens. Ainsi du secret professionnel des travailleurs sociaux, ainsi des visites domiciliaires et des contrôles dans les associations à Molenbeek et Schaerbeek. A Molenbeek, après avoir contrôlé uniquement certaines associations au motif que leur nom résonnait un peu « musulman », et entamé, avec l’aide des autorités communales, de visiter tous les domiciles sans aucune précaution de forme –l’opération se résumant à « sans mandat, sans ménagement » – , voici que Jambon a lancé une vaste opération de contrôles de tout le tissu associatif. Sans doute parce que peu avait été trouvé jusqu’ici. Sûrement pour remplir son engagement sloganesque » Je vais nettoyer Molenbeek « . A Molenbeek donc, les forces de police débarquent maintenant dans chaque association sans prévenir, en force, au beau milieu des activités. A croire que la Sûreté ne s’en sort plus dans ses fichiers de suspects… Ainsi les apprenants d’un cours d’alphabétisation ont vu la semaine passée avec stupeur 6 policiers en uniforme descendre sur place en plein cours. Ainsi les lycéens d’une école de devoirs ont vu la semaine passée leur séance de révision largement perturbée par les mêmes, intimidant leurs professeurs. Pourquoi? Pour déposer un courrier exigeant des dirigeants de ces associations leurs statuts, bilan comptable, liste du personnel et des bénévoles! Comment juger cette nouvelle mesure? Certaines choses sont évidentes. Les publics de ces associations, ainsi que leurs membres, font partie des populations les plus traînées dans la boue, les plus montrées du doigt, et les plus discriminées, en Belgique cette dernière année. Demander de tels documents pouvait se faire sous une autre forme. La plupart étant déjà à disposition au Moniteur Belge par ailleurs. D’autres éléments méritent réflexion. Quel sens cela a-t-il de contrôler des associations qui sont déjà sous la tutelle des pouvoirs publics, comme par exemple toutes celles qui émargent au Programme communal de Cohésion sociale ? L’un des terroristes aurait-il eu pour base une de ces associations? Plus largement, quel sens cela a-t-il de contrôler toutes les associations ? La crédibilité des associations auprès de leur public, voire la liberté associative elle-même – pourtant un droit constitutionnel – ne pourraient-elle pas pâtir de ce type de « descentes »? Et quelle est l’efficacité de ces mesures non-ciblées, mise à part la possibilité pour Jambon de dire qu’il a enquêté sur tout le monde? Enfin, d’autres mesures n’auraient-elles pas plus de sens? Comme par exemple remplir le cadre de la police locale et l’élargir ? Et ainsi pouvoir redéployer une véritable police de proximité, qui connaisse chaque habitant, qui ait ses entrées partout, qui respecte la population. Qui fasse régner l’ordre sans faire peur aux enfants, et sans se sentir en péril ou en terre de mission au point de recourir à l’abus de pouvoir. Pour mémoire, Plan canal ou pas, il manque de l’ordre de 100 agents pour la zone de police Bruxelles-Ouest, dont fait partie Molenbeek. Comme par exemple refinancer les services de renseignement? Et ainsi pouvoir infiltrer et enquêter, de manière ciblée, auprès des groupements suspects. Et ainsi pouvoir traiter toutes les informations déjà obtenues. Car ce que nous apprennent les attentats commis en Belgique et en France, c’est surtout que la plupart des auteurs étaient connus de la justice ou des services de renseignements. L’information était disponible mais n’avait pu être exploitée, faute de moyens technologiques et humains suffisants! Comme par exemple traquer sérieusement les gros bonnets et les filières de l’argent du terrorisme? Et ainsi pouvoir éviter de chercher « par en-dessous » une aiguille dans une botte de foin. Car comment qualifier autrement la mission de ceux qui devront éplucher ce que leur fourniront les associations à la recherche d’une trace d’argent sale? Là aussi l’infobésité, ce trop-plein d’informations que l’on n’arrive pas à gérer et qui bloque le bon fonctionnement des services guette. Si vivre en sécurité est un objectif pour tous, le bilan de la stratégie du « tous suspects » m’apparaît a priori fort faible. La visite des associations est injuste. Et on aurait pu l’accepter si elle ne semblait pas par ailleurs totalement inefficace, disproportionnée, et délétère. Du coup, pour finir, je voudrais saluer le courage et le travail de toutes ces associations qui ont décidé de s’engager aux côtés des Molenbeekois aujourd’hui. J’espère qu’ils seront toujours là demain! Catherine Moureaux est Présidente du Groupe PS au Parlement francophone bruxellois. Carte blanche publiée sur le site RTBF.be le 16 février 2017.
A la méfiance et au repli sur soi, nous opposons la fraternité et la bienveillance – Vœux 2017
Camarades, Il fait froid dehors. L’hiver est tombé sur Bruxelles. L’hiver est tombé sur Molenbeek. 2016 nous a laissés le cœur brisé. Les jambes coupées. Les yeux mouillés. 2016 nous a laissés le cœur serré. Le visage dur. Les yeux dans le vague. La peur au ventre. La colère en tête. Pour certains la haine au corps. Nos cris se sont arrêtés à la gorge. Molenbeek a bu le calice jusqu’à la lie. Injustement pointés du doigt, nos jeunes vivent lourds de leurs stigmates, ce code postal honni, « 1080 ». La peur au ventre. La colère en tête. Pour certains la haine au corps. Camarades, Il fait froid dehors. Camarades, Il fait chaud dedans. Il fait chaud ici. Il fait chaud ensemble. 2017 nous trouvera à nouveau ici. Le cœur vaillant. « A cœur vaillant, rien d’impossible ! » La tête froide. Les mains dans le cambouis. Camarades, Il fait chaud ici. Il fait chaud ici parce que nous cultivons l’ouverture, et le dialogue. Parce qu’à la méfiance et au repli sur soi, nous opposons la fraternité et la bienveillance. Parce qu’en découvrant l’autre, nous combattons la peur, et sa suivante, la haine. Camarades, Il fait chaud ici. Parce que notre Parti a entendu notre appel pour une solidarité renforcée entre les communes. 9 millions de plus de dotation de la Région à notre commune. Camarades, Parce qu’il fait chaud ici, c’est d’ici que nous devons repartir à la conquête. Nous devons écouter nos jeunes et leur proposer des solutions. Ainsi la proposition de voir conditionner tout octroi d’aide publique aux entreprises au respect d’un quota de 20% d’engagement dans les quartiers déprivés, comme les nôtres. Car à part d’aucun en l’an 0, nul homme (ni femme 😉 ) n’est destiné à vivre avec des stigmates. Nous devons écouter nos aînés et leur proposer des solutions. Ainsi les initiatives interculturelles et intergénérationnelles car les crimes de 2015 et 2016 ont percé une brèche dans le mur de l’indifférence d’un grand nombre. Il y a donc une opportunité de renouveau du lien, d’expansion rapide et féconde de la fraternité, derrière la menace et la peur. Nous devons écouter nos familles et leur proposer des solutions. Ainsi préserver un modèle d’allocations familiales qui permet de ne pas creuser encore plus les écarts entre les enfants. Ainsi continuer de combattre les solutions iniques qui compliquent la vie des familles pour des économies de bouts de chandelle. Je pense ici aux sommes importantes demandées pour les garderies. 30 euros par enfant par mois, cela fait pour une famille de trois enfants 90 euros par mois. 90 euros dont la plupart des familles ne peuvent pas se passer chaque mois. 90 euros qui, s’ajoutant à un manque de crèches, à des lacunes en formation, à la discrimination à l’embauche, découragent les femmes d’aller chercher du travail ou d’entrer en formation. Car il faut aller chercher les enfants à l’école. Et c’est le type de mesure qui vient créer la misère et les modèles familiaux que la droite décomplexée (et les amis Groen 😉 ) viennent ensuite critiquer. Camarades, C’est seulement tous ensemble, unis, nous serrant les coudes, que nous pourrons être efficaces aux côtés des Molenbeekois. 2016 nous a vu organiser un grand nombre d’activités dans nos murs. Parce qu’il fait chaud ici. Mais 2017, parce que nous avons maintenant consolidé nos bases, doit être l’année « hors les murs ». 2017 doit nous voir démultiplier les actions de terrain. Comme lorsque deux camarades se sont rendus aux côtés d’une vieille dame en difficulté ici derrière. Le bureau et le comité feront appel à vous, camarades, pour ce type d’actions cette année ! Réservez-leur un bon accueil. Je suis convaincue que nous sommes désormais armés pour braver le froid qui règne dehors ! Camarades, Il fait chaud ici. Je nous souhaite pour 2017 qu’il en reste ainsi et que le plus grand nombre nous rejoigne sous ce toit ! Je vous souhaite, je nous souhaite, une très belle année 2017 !
Les CPAS doivent aider les étudiants!
Ce 21/12/2016, j’ai interpellé en commission la Ministre compétente pour la Politique d’Aide aux Personnes sur l’augmentation toujours plus importante d’étudiants bénéficiant du revenu d’intégration sociale: « Madame la Ministre, En juillet dernier, je vous interrogeais sur la hausse sans précédent du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS). Aujourd’hui, si, comme vous le rappeliez, un bruxellois sur trois est en risque de pauvreté, nous constatons que les CPAS sont par ailleurs confrontés à un afflux inédit d’étudiants. Le nombre de ceux-ci aurait doublé en 10 ans, passant de 7.239 en 2006 à 14.867 en 2016. Les étudiants représenteraient maintenant près de 15 % du nombre total de bénéficiaires belges du RIS. Deux Ministres se sont déjà prononcés sur cette question. Willy Borsus en charge de l’Intégration sociale au fédéral a dit : « J’ai entamé une réflexion sur le sujet. Je souhaite que l’accès aux études des familles les plus pauvres soit garanti, mais je m’interroge sur des situations spécifiques, par exemple quand des parents sont à l’étranger. Je compte faire des propositions aux fédérations de CPAS début 2017. ». Pour moi cette déclaration jette le trouble. Je suis rejointe sur ce constat par le Ministre Marcourt, responsable de l’enseignement supérieur en Communauté française, que j’ai interrogé sur le sujet en plénière : il s’étonne de cette déclaration et « fera des propositions au Ministre Borsus pour qu’il s’inscrive dans une politique de soutien plutôt que d’exclusion ». Jean-Claude Marcourt m’a par ailleurs répondu que dans l’enseignement obligatoire le nombre de jeunes bénéficiant du RIS est en augmentation encore plus nette. Ceci est un élément marquant et encore à développer. Dans ce contexte, sachant que Bruxelles est la première ville étudiante du pays avec plus de 90.000 étudiants dans l’enseignement supérieur et que les loyers y sont particulièrement élevés, il est plus que probable qu’elle soit particulièrement touchée par cette augmentation. Face à cette situation très préoccupante, Madame la Ministre, je voudrais vous interroger largement sur les mesures spécifiques mises en place pour lutter contre la pauvreté des étudiants, et sur le dialogue avec le fédéral en la matière. Ainsi je souhaiterais aborder notamment les axes suivants : Quelle est la situation spécifique à Bruxelles ? Aujourd’hui, certains de nos CPAS doivent être plus particulièrement sollicités par les étudiants. Quels sont-ils ? Comment cet afflux influence-t-il leur situation financière ? Où en est la mise en œuvre du projet individualisé d’intégration sociale pour les étudiants dans chacun des CPAS bruxellois ? Comment chaque CPAS gère-t-il le PIS et les études ou la reprise d’études ? Quel dialogue existe entre vous et le fédéral sur cette problématique des étudiants qui touche particulièrement notre Région? Je vous remercie pour les réponses que vous pourrez me fournir. » Vous retrouverez la réponse de la Ministre ci-dessous dès que celle-ci sera disponible.
VIDEO – Un nouveau plan pour lutter contre la discrimination à l’embauche!