Cas d’antisémitisme dans un Athénée de la Communauté Madame la Ministre, Selon Unia, dans son dernier rapport 2015, l’enseignement reste un des quatre secteurs où les discriminations sont les plus importantes. Un secteur malheureusement pour lequel les dossiers introduits sont en augmentation. Aujourd’hui, un mois après les attentats de Bruxelles, le Directeur d’Unia nous alerte sur une nouvelle augmentation des signalements d’actes racistes et xénophobes depuis ce tragique 22 mars. Toujours selon lui, ces discriminations sont essentiellement islamophobes mais en 2016, il constate aussi une recrudescence de l’antisémitisme. Notre école n’est évidemment pas épargnée. Dernièrement un adolescent juif d’un Athénée d’Uccle aurait subi pendant plusieurs semaines des insultes antisémites ce qui aurait poussé la mère à le changer d’établissement scolaire. Une demande d’autorisation de changement d’établissement signé et validé par le préfet avec le motif suivant : »propos antisémites minimisés en insultes par le proviseur » a été traitée. Madame la Ministre, Confirmez-vous cet évènement? Si non pouvez-vous faire le point sur ce que vos services ont constaté? Si oui, qu’avez-vous entrepris suite à cette nouvelle? Madame la Ministre, au-delà de ce cas particulier très interpellant, Aujourd’hui, comment les enseignements, les directions et les établissements sont-ils parés pour faire face à de tels actes ? Comment la formation et l’information sont-elles organisées ? Quand de tels faits se produisent y-a-t-il des mesures ou dispositifs prévus par l’administration générale de l’enseignement ? Combien de faits de racisme et xénophobie ont-ils été enregistrés en 2015 et depuis le début de cette année? Côté élèves, quand de tels faits ont lieu, quels dispositifs sont-ils activés? Quels sont les outils mis en place au sein de la Fédération ? Pour conclure je me permettrai de réitérer des propos que j’ai tenus devant cette commission il y a quelques semaines, à la sortie du dernier rapport du Centre Interfédéral pour l’égalité des chances: l’école est le lieu par excellence où la médiation doit s’exercer. Et ce sous peine d’aller vers une société de la confrontation et non du vivre ensemble. Je vous remercie d’avance pour vos réponses. La réponse en cliquant sur ce lien: Compte-rendu des débats 2. Les constats posés en matière de clichés suite à analyse de fictions par des étudiants de l’UCL Monsieur le Ministre, Suite aux débats que nous avons eus face aux phénomènes de radicalisation notamment, on a beaucoup parlé de l’importance de lutter contre les amalgames et de promouvoir une société inclusive. La place de la culture ainsi que des médias dans la construction de l’identité n’est évidemment pas à négliger. C’est pourquoi, j’ai été particulièrement interpelée par la lecture des résultats d’une analyse menée par des étudiants de l’UCL sur plus d’une trentaine de fictions (des séries télévisées, principalement issues de la culture US mais qui ont une large audience en Europe). Les clichés, principalement liés à l’identification des origines arabes (ou assimilés par le biais de la religion musulmane) au terrorisme y sont légion. Il y a toutefois des séries qui viennent nuancer ce diagnostic. Monsieur le Ministre, je voudrais orienter mon propos sur ce qui peut être fait, en Fédération Wallonie Bruxelles pour porter une approche moins stigmatisante et plus représentative de la richesse de la diversité de la société. Avez-vous connaissance de cette étude ? Par quels leviers peut-on agir pour soutenir et promouvoir des productions amenant une vision plus positive des personnes de toutes origines ? Je vous remercie pour votre réponse.
Colonialisme belge et ses crimes, un sujet qui fâche au cours d’histoire? Mon avis dans le soir
Article du soir du mercredi 27 avril 2016 Des sujets qui fâchent au cours d’histoire? Le colonialisme serait un pan de l’histoire belge imprécis dans les manuels et difficile à aborder L’école ne se montrerait pas très loquace sur certains sujets historiques, en secondaire. Principalement, des sujets sensibles qui crispent, souvent ceux relatifs à l’histoire de la Belgique. La critique n’est pas neuve; elle a été maintes fois entendue. Mais améliore-t-on la situation pour autant? Récemment, la députée et présidente du groupe PS au parlement de la Communauté française Catherine Moureaux a interpellé l’ancienne ministre de l’Education, Joëlle Milquet (PS), en Commission de l’éducation. C’est précisément sur le sujet de l’histoire coloniale enseignée à l’école que la parlementaire a questionné la ministre. «J’ai entendu des témoignages de gens de 25-40 ans issus de l’immigration, originaires d’Afrique subsaharienne», explique Catherine Moureaux. Des personnes dont les familles sont installées en Belgique depuis deux ou trois générations et qui y ont suivi leur scolarité. «Elles ont le sentiment qu’on ne leur a pas vraiment parlé de la thématique à l’école, souligne la députée. Ou alors, uniquement d’un point de vue européanocentré, biaisé et balayant la question de la douleur et exactions perpétrées à l’époque du régime colonial belge au Congo.» Si la question délicate de l’identité est ici centrale pour ces groupes de personnes, elle l’est aussi pour chaque citoyen: «C’est l’histoire commune du Congo et de la Belgique, un bagage citoyen commun», relate Catherine Moureaux. Et malgré que le cursus scolaire de ces 2540 ans remonte à une dizaine ou vingtaine d’années, la situation n’aurait aujourd’hui guère évolué. En se rendant sur le terrain et en rencontrant des professeurs d’histoire, la parlementaire a pu constater plusieurs faiblesses. D’abord, les référentiels seraient imprécis. Souvent enseignés de manière chronologique, les sujets historiques font la queue dans les classes du secondaire. Ce n’est qu’en 5e et 6e rénovées que les XIXe et XXe siècles sont étudiés. Catherine Moureaux explique: «Les chapitres reprennent les moments clés de cette période, comme les politiques impérialistes et le processus de colonisation. Mais on ne mentionne ni le Congo, ni son indépendance. On reste dans le flou.» Sans parler, dit-elle, du fait que ce chapitre arrive souvent en dernier dans le programme scolaire et se trouve quelques fois zappé par manque de temps. Ensuite, les enseignants ne seraient pas assez outillés pour enseigner ce genre de matières. D’après la députée, «ils disent ne pas avoir les outils nécessaires pour parler correctement de cette période d’atrocités». En 2013, une valise pédagogique relative à l’histoire de la colonisation au Congo, constituée d’un DVD et de fiches techniques, a été conçue pour les professeurs. De même, une formation avait été organisée la même année. Des initiatives plutôt rares, et sans suite. «Référentiels hyper-précis» A l’interpellation de Catherine Moureaux sur le sujet, Joëlle Milquet, encore ministre à l’époque, a répondu qu’elle «plaidait pour des référentiels hyper-précis». Les manuels de l’enseignement qualifiant viennent d’être revus et le processus est en cours pour le général. Dans ce contexte, «nous mettons sur pied un colloque qui fera le point sur la recherche en la matière», précise la députée. Une matière plus pointue qui sera proposée pour les manuels à venir. Milquet a, en outre, souligné sa volonté de donner une seconde chance à la valise pédagogique. Ces démarches seront-elles suffisantes? A voir. De même, il faudra voir si la nouvelle ministre de l’Education reprendra rapidement les rênes en la matière. ■ VALENTINE ANTOIN
Discrimination et média
Ma question (31 mars 2016): Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances est devenu « UNIA » à la fin du mois passé. A l’occasion de ce changement de nom, le Centre a publié ses premiers chiffres 2015. En 2015 UNIA a été sollicité 4.554 fois. Les trois principaux critères de discrimination ont été: — Les critères raciaux (38% des dossiers en 2015 contre 42% en 2014) — Le handicap (22% contre 20%) — Les convictions religieuses ou philosophiques (19% contre 16% en 2014) Concernant ce dernier critère, notons qu’en cinq ans, ces discriminations liées aux convictions ont augmenté de 78%. Les personnes de confession musulmane sont particulièrement visées, avec 93% des dossiers ouverts. Les médias sont le deuxième secteur où les discriminations sont les plus importantes. Ce secteur ne cesse de voir son importance s’accroître:depuis 2010lahaussedesdossiersouvertsestde28%. Internet est le média qui détient la palme du nombre de cas, avec 92% des dossiers introduits. Dans ce secteur, 91% des cas concernaient des propos jugés discriminants basés sur l’origine ethnique ou la conviction religieuse. Monsieur le Ministre, Disposez-vous des chiffres concernant les dossiers introduits à l’UNIA pour discrimination dans les médias en FédérationWallonie-Bruxelles? Quels sont les principaux critères de discrimination? Quelles sont les conclusions que vous tirez de ces données? Partagez-vous les constats, notamment au regard des plaintes introduites au Conseil de déontologie journaliste? Existe-t-il une collaboration dans ce domaine entre le CDJ, vos services et l’UNIA? Dans la déclaration de gouvernement, en vue de lutter contre tous les stéréotypes et les préjugés, il est prévu de soutenir des actions de sensibilisation sur les stéréotypes et les préjugés au sein de chaque secteur, notamment celui des médias. Comment se concrétise ce soutien aujourd’hui? Une attention particulière est-elle mise en place contre les stéréotypes liés aux convictions religieuses? En outre, le Gouvernement va mettre en place le baromètre de la diversité et de l’égalité du Conseil supérieur de l’audiovisuel et le panorama des bonnes pratiques pour l’égalité, la diversité et la lutte contre les stéréotypes et les préjugés dans les médias audiovisuels. Pouvez-vous me dire où en est ce baromètre? Un autre aspect pris en compte pour lutter contre les discriminations, les discours et délits de haine sur internet passe par une modération des forums et l’identification renforcée sur les forums et plateformes d’expression et de participation liées aux médias. D’ailleurs, vous nous avez rappelé en commission votre volonté d’avancer dans ce domaine en vous employant à ce que l’instauration d’un système d’identification complète pour l’accès à un espace de réactions se développe. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’état d’avancement de ce projet? Le gouvernement, dans la DPC, distingue enfin les réseaux sociaux des autres médias et tient également à « lutter contre les discours haineux sur internet et les réseaux sociaux ». Quelles sont les mesures et projets mis en place à cette fin? Réponse : J’ai effectivement pu prendre connaissance des premiers chiffres publiés par UNIA sur son site internet. Selon ses premiers chiffres,UNIA a été sollicité 4.554 fois en 2015,ce qui a mené à l’ouverture de 1.596 dossiers. Jamais les dossiers relatifs aux discours de haine (incitation à la haine et délits de haine) n’avaient été aussi nombreux. Ils représentaient près de 30% du total des dossiers ouverts pour l’année dernière. Le constat porté par UNIA est le suivant : le racisme, l’homophobie, le rejet de l’autre, s’expriment aujourd’hui davantage et plus librement dans l’espace public, notamment en raison du développement d’Internet et des réseaux sociaux. Depuis 2010, UNIA constate une augmentation constante des dossiers liés à « l’incitation à la haine » et les « délits de haine » (autrement dit les délits inspirés par la haine d’un groupe caractérisé par son origine, sa religion, son orientation sexuelle,etc.). En 2015, 404 dossiers « incitation » ont été enregistrés, contre 338 en 2010. Quant aux dossiers liés aux délits de haine, ils sont passés de 48 en 2010 à 84 en 2015. Par ailleurs, les principaux critères de discrimination étaient en 2015 les critères raciaux (38% des dossiers en 2015 contre 42% en 2014), le handicap (22% contre 20% en 2014) et les convictions religieuses ou philosophiques (19% contre 16% en 2014). Les dossiers ouverts en raison de l’orientation sexuelle représentent 5% de l’ensemble. Pour le secteur des médias, on constate une augmentation en passant de 365 dossiers en 2015 contre 339 en 2014. Une augmentation qui se confirme d’année en année puisque depuis 2010, la hausse est de 28%. En ligne de mire : Internet qui représente 92% des dossiers, avec une hausse marquée des dossiers liés aux médias sociaux (36 dossiers ouverts en 2010 et 126 en 2015 rien que pour Facebook et Twitter). Dans la très grande majorité des cas pour des propos discriminants basés sur l’origine ethnique ou la conviction religieuse (91% des cas). Ces chiffres m’amènent évidemment à différents constats. Tout d’abord, au vu du nombre sans cesse croissant de plaintes enregistrées chaque année, je pense que l’augmentation structurelle de leur nombre s’explique aussi par la renommée acquise au fil des années par le Centre Interfédéral pour l’Egalité des Chances. Au fil des ans, de plus en plus de gens connaissent l’existence de l’institution, font confiance en son expertise et ont aujourd’hui moins de mal à déposer une plainte ou à requérir l’assistance d’UNIA. Ensuite,il est indéniable que le développement phénoménal d’Internet et des technologies connectées ont été de pair avec la création de nouveaux espaces ouverts à la liberté d’expression. Les paroles,idées et opinions, constructives ou négatives, circulent plus vites sur la toile et sont dès lors plus visibles. Notre devoir est de rappeler que cet espace de liberté d’expression, devenu vital à notre démocratie,reste soumis à des limites légitimes définies par le droit ou encore par la déontologie journalistique lorsque ces espaces de discussions sont ouverts sur les pages de médias d’informations. A ce titre, je vous invite à consulter la recommandation du Conseil de déontologie journalistique (CDJ) du 16 novembre 2011 sur les forums ouverts sur les sites
Augmentation des discriminations dans l’enseignement
Mon interpellation fait suite aux rapport d’unia, le centre pour légalité des chances. Vous pouvez lire ci-dessous ma question et la réponse de la Ministre (7 mars 2016): Mme Catherine Moureaux (PS). – Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances vient de se rebaptiser UNIA, ce qui a donné lieu à de nombreuses déclarations. À l’occasion de ce changement de nom, il y a dix jours, UNIA a publié ses premiers chiffres pour 2015. UNIA a été sollicité 4 554 fois en 2015. Les trois principales raisons de discrimination dénoncées en 2015 ont été: les critères raciaux (38 % des dossiers en 2015, contre 42 % en 2014), le handicap (22 %, contre 20 %) et les convictions religieuses ou philosophiques (19 %, contre 16 %). L’enseignement reste un des quatre secteurs où les discriminations sont les plus importantes. Un secteur malheureusement pour lequel les dossiers introduits auprès d’UNIA sont en augmentation, en particulier dans le Hainaut et à Charleroi. Madame la Ministre, disposez-vous des chiffres concernant les dossiers introduits pour discrimination dans l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles? Quels sont les principaux critères de discrimination? Quelles sont les conclusions que vous tirez de ces données et partagez-vous les constats d’UNIA? Comment la collaboration avec UNIA s’organise-t-elle? La collecte des plaintes est très utile pour se faire une idée de la réalité, mais il n’est pas nécessaire que la Fédération WallonieBruxelles refasse le travail fait ailleurs. Quant aux critères de discrimination, en particulier le handicap et les convictions religieuses ou philosophiques – qui sont en augmentation –, quelles sont les mesures que vous avez prises? Mme Joëlle Milquet, vice-présidente et ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance. – Lorsque j’étais ministre de l’Égalité des chances du gouvernement fédéral, j’ai bataillé pendant deux ans pour tenter d’arriver à ce décret. Il fallait transformer le Centre et la tâche n’était pas facile étant donné les composantes politiques autour de la table et leurs visions différentes de la discrimination. Le décret a finalement été voté en fin de législature à l’issue d’âpres négociations et je suis heureuse de voir qu’il remplit sa mission alors que nous vivons une époque qui rappelle parfois de tristes épisodes de l’histoire tant les visions des uns et des autres sont clivées, tant les rejets des uns et des autres, appartenant pourtant à la même nationalité, sont devenus monnaie courante, tant les discriminations raciales, confessionnelles, de genres ou liées à des indices socioéconomiques sont vraiment criantes. Pour le moment, nous sommes dans une société profondément cloisonnée et peu égalitaire. Alors que l’école devrait être l’outil de lutte contre les discriminations pour faire des citoyens des êtres intégrés qui ont une vision autre, elle est le reflet des problématiques auxquelles nous sommes confrontés. La Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’un décret pour lutter contre certaines formes de discrimination depuis 2008. L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et le Centre interfédéral pour l’égalité des chances sont des partenaires de premier plan pour la concrétisation de ces politiques. Nous entretenons un rapport complètement positif avec cette institution qui, fédérale au départ, est devenue une institution des entités fédérées et de l’État fédéral. Les derniers chiffres relatifs à la discrimination dans l’enseignement sont issus du rapport d’activités 2014 rédigé par la direction de l’Égalité des chances du ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, laquelle relève de Mme Simonis. Les chiffres de 2015 ne sont pas encore disponibles, mais ils le seront bientôt. En 2014, les dossiers liés à l’enseignement représentaient 67 % de l’ensemble des dossiers traités par le Centre et l’Institut, soit 73 % des dossiers traités par le Centre et près de 35 % des dossiers traités par l’Institut et concernant donc des problématiques homme-femme ou garçon-fille. Cela ne veut pas dire que le Centre ne doit pas être beaucoup plus actif pour d’autres sujets moins évidents, mais tout aussi préoccupants. Dans l’enseignement, les choses sont simples et tant mieux: on porte plainte. Je ne dis pas cela pour minimiser la problématique. Tout simplement, je pense que le taux des discriminations dans la société est bien plus élevé que 25 %, mais qu’il est parfois difficile d’agir: même en matière de racisme, de discrimination à l’embauche, de publicité, etc., les consensus sont plus difficiles. Quand j’étais ministre de l’Égalité des chances, je pensais qu’il aurait fallu des réactions un peu plus fermes de la part d’une institution officielle. Il faut garder à l’esprit que le rôle de cette institution est de s’indigner des situations qui ne sont pas dignes. Dès lors, elle doit les analyser toutes, quelles qu’elles soient, même quand elles relèvent du domaine socioéconomique. Pour toute autre information concernant la lutte contre la discrimination et les mesures mises en place récemment, comme vous le savez, Mme Simonis, qui était chargée de coordonner les actions, a mis en œuvre un plan de lutte pour l’égalité hommes-femmes et contre les discriminations. J’y participe en ma qualité de ministre de l’Enseignement. Nous travaillons de manière intégrée et nous essayons de répondre à toutes les problématiques évoquées. Je le répète, une des lignes de force du Pacte porte sur l’intégration et la réussite des élèves qui présentent des différences, pour de multiples raisons: des troubles de l’apprentissage, des difficultés liées ou pas à des indices socioéconomiques différents ou d’autres types de difficultés. En aucune manière, l’école ne peut être un lieu de discrimination. Nous combattons également cette problématique dans notre lutte contre le harcèlement, un phénomène décidément très actuel, qui comprend indéniablement des dimensions de domination et de rejet, liées parfois à des discriminations physiques ou autres. Derrière le harcèlement qui peut s’opérer entre enfants ou de la part de l’établissement à l’égard d’enfants ou encore à travers la difficulté éprouvée par certaines familles à aborder l’établissement, resurgissent des problèmes d’inégalité sociale et d’inégalité scolaire. Le sujet est vaste. Mme Catherine Moureaux (PS). – J’entends vos propos selon lesquels l’école est une interface où les discriminations sont plus facile à mettre en évidence. Le domaine concerné est particulièrement important puisqu’il concerne nos
Le colonialisme belge et ses crimes doivent être enseignés à l’école !
Aujourd’hui encore notre histoire coloniale n’est pas totalement assumée. Alors que de plus en plus d’ouvrages, études, reportages mettent en lumière la part sombre de la colonisation et ses multiples exactions et crimes, un « devoir d’histoire » reste à faire. Ce « devoir d’histoire » doit passer par notre enseignement. D’après mon expérience et le travail de recherche sur la question que j’ai mené, la situation n’est pas encore idéale dans les écoles. C’est pourquoi j’ai interrogé la Ministre de l’éducation. Mon intervention – Madame la Ministre, Dernièrement, la polémique sur le roi Léopold II a ressurgi suite à l’initiative d’un échevin d’organiser une cérémonie en l’honneur de celui-ci pour son empreinte urbanistique et architecturale importante à Bruxelles. C’était évidemment faire fi de notre histoire coloniale et des crimes commis sous son autorité. Une histoire coloniale pas totalement assumée, et à tout le moins, toujours sujette à crispations. Si de plus en plus d’ouvrages, études, reportages mettent en lumière la part sombre de la colonisation, un «devoir d’histoire » reste à faire. Un « devoir d’histoire » qui doit passer par notre enseignement. Madame la Ministre, Pouvez-vous me dire où en est la redéfinition des référentiels pour l’enseignement général? En 2014, le Parlement a adopté un nouveau référentiel pour les cours d’histoire et géographie dans l’enseignement qualifiant. La colonisation du Congo y figure, ce qui est déjà une avancée. Cependant l’usage de ces référentiels en termes de contenus centrés sur l’histoire coloniale demeure aléatoire. Certains élèves peuvent totalement passer à côté durant leur scolarité. Ce qui est interpellant en regard de l’importance d’une telle séquence dans notre histoire belge. Vous aviez indiqué que ce contenu pourrait profiter de la dynamique du Pacte pour un enseignement d’excellence pour apporter les précisions nécessaires. Pouvez-vous nous dire où en est ce travail? Quelles seront ou sont les démarches sur ce sujet déjà entreprises, notamment avec les professeurs des universités et hautes écoles qui ont travaillé sur la thématique ? Toujours dans cette optique, il est également essentiel de mettre à disposition des écoles des outils et ressources pédagogiques. La traduction des référentiels en dépend largement. Certains ont existé, je pense au kit pédagogique réalisé par l’asbl Culturea « Congo », qui contient deux dvd et des fiches pédagogiques. Pouvez-vous dire si celui-ci est toujours utilisé par les écoles ? D’autres outils ou ressources existent-ils ? Ces outils sont-ils à la disposition des écoles et des professeurs de façon permanente ? Une formation par l’Institut de la formation en cours de carrière avait également été organisée sur le sujet en 2013. Pouvez-vous m’indiquer si cette formation est toujours disponible ? Et si oui, quelles en sont les modalités aujourd’hui? La Ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance. – En termes de savoir, nous avons beaucoup de choses à ajouter dans nos cursus par rapport au cadre actuel. Il est évidemment difficile de laisser un élève sortir de rhétorique ou de classe terminale sans qu’il connaisse au moins les éléments clés de l’histoire de son pays. La période coloniale fait partie de la période sombre, mais il doit la connaître. Le référentiel d’histoire de l’enseignement secondaire de transition est en effet en cours de réécriture depuis le mois de septembre tandis que le référentiel de l’enseignement qualifiant a été adopté par le Parlement en décembre 2014. Le fait que les enseignants abordent cette matière en classe dépend de la précision de leurs programmes, plus ou moins contraignants, qui, euxmêmes, sont le reflet de référentiels plus ou moins précis. Dans les travaux du Pacte d’excellence, je plaide pour que les référentiels soient hyper précis et beaucoup plus précis qu’ils ne le sont maintenant. Cela laisse moins de marge de manoeuvre pour les programmes, car je pense que ce que l’on offre comme contenu pour les compétences ou les savoirs des enfants est une matière d’intérêt général. Il faut donc être beaucoup plus précis. Comme vous le verrez tout à l’heure, dans la présentation qui va vous être faite du référentiel en matière de citoyenneté, on s’est basé sur le modèle des socles de compétences. Vous allez voir à quel point les socles de compétences en primaire sont quasiment nuls par rapport aux référentiels, en dehors du socle de compétence. C’est à ce niveau qu’on se rend compte de l’extrême légèreté des référentiels qui laissent des latitudes de contenus énormes et où on peut très peu préciser les savoirs, les thèmes, etc. Les courants romantiques sont-ils à enseigner dans le cours de français? Quel type de philosophe doit-il être étudié? Rien de tout cela n’est précisé. À titre personnel, cela me semble absurde. Actuellement, le colonialisme, l’histoire des migrations qui apportent une diversité à notre population font partie des fondements de notre histoire. Appréhender notre colonialisme passé doit faire clairement partie du cours d’histoire pour tout le monde. Cette question est laissée à l’appréciation des uns et des autres. Ce mouvement qui vise plus de précision des référentiels est en cours. C’est clairement une des recommandations du Pacte dont nous en avons parlé longuement durant ces trois jours. Le groupe est présidé par le Professeur Marc Romainville de Namur et un sous-groupe, qui comprend notamment des didacticiens, se réunit avec Axel Tixhon. Toute une série de recommandations très claires sont données en la matière. Il existe un excellent outil pédagogique – Congo –, qui comprend deux DVD ainsi que des fiches pédagogiques. En octobre dernier, dans la réponse que j’ai donnée à Mme Trachte sur la place de la mémoire, j’en ai parlé en disant qu’il avait été envoyé dans toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles en janvier 2013. Cet outil a donné lieu à une formation en février 2013, qui n’a, hélas, accueilli que 42 inscrits. Nous avons cependant offert cet outil aux écoles et il faudra lui donner une seconde chance. L’ouvrage et le DVD sur l’histoire coloniale de la Belgique au Congo ont été édités par le Musée Royal de l’Afrique centrale au départ de ses riches collections d’archives. Cette publication offre des regards variés à partir desquels les enseignants peuvent élaborer des cours
Discrimination à l’embauche: le PS réclame des mesures plus contraignantes
Voici les pistes que je propose pour agir dès maintenant contre la discrimination à l’embauche. Article paru dans lesoir du jeudi 11 février 2016. Discrimination à l’embauche: pourquoi les politiques ont peu d’effet A Bruxelles, le bilan des principaux outils anti-discrimination à l’embauche est jugé assez insatisfaisant par les acteurs du terrain. Le PS réclame des mesures plus contraignantes. En janvier, Samira a postulé pour un emploi d’enseignante dans une école de Jette. Elle n’a pas été rappelée. Elle s’est présentée sous le pseudonyme de Cécile et a subitement décroché un entretien. Mohammed a eu une histoire similaire : les portes du poste qu’il convoitait se sont subitement ouvertes lorsqu’il a choisi de se faire appeler Mathias. Ces exemples récents, très médiatisés, montrent à quel point la discrimination à l’embauche reste un problème conséquent à Bruxelles. Les chiffres du guichet discrimination à l’embauche d’Actiris (voir ci-dessous) le montrent : chaque année, de nombreux dossiers sont ouverts. Francine Devriese, responsable de la cellule, commente : « Depuis l’ouverture du guichet, il y a une constante : 50 % des dossiers concernent des personnes discriminées pour leur origine ethnique ou sociale. Alors que pour une grande partie des dossiers, les personnes concernées sont belges… Cela me fait me poser de nombreuses questions. » De manière générale, le phénomène est loin de s’améliorer : selon le dernier monitoring socio-économique, le taux de chômage des personnes d’origine étrangère reste beaucoup plus élevé (30 %) que celui des Belges d’origine (10 %). Les chiffres n’ont quasi pas bougé entre 2008 et 2012 (voir le graphique ci-dessous). « Alors que la proportion de la population d’origine étrangère est passée de 66 % à 72,1 % entre 2008 et 2012 », constate-t-on chez Actiris. Pour le PS, une formation politique particulièrement sensible à la question (la loi antiracisme de 81 a été portée par Philippe Moureaux, la loi anti-discrimination de 2003 par Laurette Onkelinx, les ordonnances bruxelloises diversité de 2008 par Rachid Madrane), il est temps d’aller un pas plus loin. La députée bruxelloise Catherine Moureaux juge les outils existants insuffisants, son avis est partagé par d’autres acteurs de terrain. Elle presse donc le ministre de l’Emploi Didier Gosuin (Défi), partenaire de majorité du PS à la Région, d’agir : « Il a trois armes qu’il peut utiliser dès maintenant. ». Des pistes Un : accélérer la mise en place de « Zeus », une zone franche autour du canal de Bruxelles où les entreprises reçoivent des aides si elles stimulent le recrutement local. Le projet (plus de détails ci-dessous) n’est nulle part. Selon Didier Gosuin, il se heurte à des problèmes législatifs : « La définition d’entreprise telle qu’elle est prévue dans le texte n’est pas correcte et les arrêtés doivent passer sous les fourches caudines de l’Europe. » Deux : utiliser toutes les compétences de la Région en ce qui concerne les agences d’intérim et les organismes d’insertion professionnelle. « Avec la réforme de l’Etat, le ministre Gosuin a des compétences, il est possible pour lui de pratiquer des testings (tests mettant en concurrence deux personnes pour tenter de prouver la discrimination, NDLR) », note la députée. Trois : retirer les aides économiques aux entreprises qui discriminent. On l’a dit plus haut, Actiris connaît, via le guichet, les entreprises pour lesquelles des dossiers sont ouverts. Pour Moureaux, on ne peut pas laisser ces informations dans un tiroir : « On peut décider de retirer les aides économiques aux entreprises qui discriminent. D’après moi, le ministre en connaît déjà certaines, il peut les saisir d’autorité ou après une enquête propre, via un testing. » Pour ces deux propositions, Didier Gosuin réplique qu’il ne peut agir que dans le cadre de la loi. Et, complexité institutionnelle belge oblige, la prise de sanctions envers les entreprises discriminantes (pour lesquelles il y a eu un jugement, ce qui n’arrive pas souvent dans les faits) est du ressort du fédéral, en vertu de la loi anti-discrimination de 2007. « Si nous faisons un testing et qu’il s’avère positif, nous ne pouvons pas sanctionner l’entreprise. Alors soit on ne m’écoute pas au parlement, soit on ne me croit pas. » Quoi qu’il en soit, Catherine Moureaux ne veut pas lâcher le morceau et travaille sur un dispositif qui serait plus contraignant pour les entreprises discriminantes. « La législation contraignante, cela fonctionne, justifie-t-elle. Pensez à la présence des femmes sur les listes électorales. » Problème potentiel : « Les employeurs sont souvent allergiques aux contraintes qui les concernent », relève Philippe Van Muylder (FGTB), pour qui il n’est pas impossible d’aller vers un système plus contraignant sans fragiliser les entreprises. Du côté de Beci (Union des entreprises de Bruxelles), on distingue la discrimination ordinaire (« On discrimine tous, chacun a des mécanismes de préférence lorsqu’il s’identifie à l’autre via l’âge, le sexe ou l’origine », explique Hayate El Aachouche) de la discrimination pour racisme. « Comment sanctionner quelqu’un qui n’a pas conscience qu’il discrimine ? Légalement, ce n’est pas forcément évident de faire la part des choses. Pour avancer, tous les secteurs doivent être sensibilisés à la question. » Quatre outils pas aboutis… ou peu efficaces La zone Zeus C’est quoi ? Zeus, c’est un acronyme pour « zone d’économie urbaine stimulée ». L’objectif est d’octroyer, sur une zone qui se déploie autour du canal de Bruxelles (sur des communes comme Molebeek, Anderlecht…), des avantages fiscaux aux entreprises qui privilégient l’embauche de riverains. Où en est-on ? Le principe de la zone franche a été approuvé au parlement en janvier 2014, alors que Céline Fremault (CDH) était ministre de l’Emploi. Depuis, aucun cadre budgétaire ou opérationnel n’a encore été prévu. « Zéro », déplore Catherine Moureaux. Didier Gosuin a mis en place, au 1er juin 2015, une « zone de développement » qui accorde des primes aux entreprises qui s’installent à cet endroit. « Mais sans aucune conditionnalité sur l’embauche des gens du quartier », regrette la députée socialiste, pour qui les deux projets se font concurrence. Pour rappel, lorsque le projet a été voté, il avait remporté une large majorité au parlement, à l’exception du FDF, parti de Didier Gosuin, qui s’était abstenu. La charte diversité C’est quoi? A Bruxelles, les entreprises peuvent signer des «chartes diversité» mais celles-ci n’ont rien de contraignant. L’initiative a été lancée par Benoît Cerexhe (CDH, prédécesseur de Céline Fremault au
Il faut un plan « canal » socio-économique! – Interview sur Télé Bruxelles le 11 février 2016
Lutte contre la discrimination à l’embauche: mise en place de la zone franche urbaine « ZEUS »
Suite à ma question sur la mise en place de la zone franche urbaine « ZEUS », article paru dans la dernière heure du samedi 30 janvier 2016 La zone franche dans l’impasse Un an après sa création, ce projet qui doit lutter contre la discrimination à l’embauche n’est toujours pas appliqué. La zone franche destinée à encourager la création d’entreprises et d’emplois dans une série de quartiers proches du canal, qu’avait annoncé en 2013 la Région bruxelloise, deviendra-t-elle seulement une réalité un jour ? Le projet, qui rejoint pourtant une des priorités annoncées de l’actuel gouvernement –à savoir la lutte contre la discrimination à l’embauche –, semble aujourd’hui dans l’impasse. Interrogé jeudi sur l’évolution du projet par la députée bruxelloise Catherine Moureaux (PS), le ministre de l’Économie et de l’Emploi, Didier Gosuin (Défi), a de nouveau refusé de se fixer la moindre deadline quant à l’avancement du projet. “La problématique de l’accès à l’emploi pour certains Bruxellois demeure préoccupanteen Région bruxelloise, comme l’a encore montré la semaine dernière le cas de Samira (NDLR: La DH révélait que le collège Saint-Pierre de Jette avait rejeté la candidature d’une postulante appelée Samira, avant d’accepter la même demande lorsqu’elle avait choisi de s’appeler Cécile). Au PS, nous considérons que le principe de la zone franche urbaine Zeus aborde le problème de manière convaincante. Pouvez-vous donc nous dire où nous sommes dans ce dossier ?”, a lancé Catherine Moureaux au ministre bruxellois. Pour rappel, le projet Zeus prévoit des avantages fiscaux pour les entreprises s’installant dans une zone délimitée et engageant un certain nombre d’habitants dans la zone. DES DIFFICULTÉS pratiques ont empêché jusqu’ici l’exécution de Zeus, a fait savoir Didier Gosuin, faisant probablement allusion à l’obligation d’engager des habitants locaux. Mais le projet n’est pas abandonné, assure-t-il. J. Th.
Le respect des femmes par et pour tous
Carte blanche que j’ai cosignée et qui a été publiée dans le journal Le Soir de ce 14 janvier 2016 Le respect des femmes par et pour tous Au lendemain des violences survenues à Cologne la nuit du Nouvel An, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) a proposé de mettre en place et de rendre obligatoire un cours de « respect de ’la’ femme » pour les migrants. Jan Jambon a renchéri en déclarant « L’égalité homme femme fait partie de nos valeurs fondamentales. Personne ne pourra la remettre en cause, ni ceux qui sont nés dans le pays, ni ceux venus y trouver refuge »(1). Nous n’avons jamais vu nos hommes politiques défendre avec une telle énergie le respect dû aux femmes, et encore moins une de « nos » valeurs fondamentales qui serait l’égalité hommes-femmes. Pourtant, les premiers à mettre à mal cette égalité sont notamment certains politiques eux-mêmes. En tout cas, le respect de cette valeur fondamentale ne semblait pas les préoccuper en janvier 2015 lorsque ce gouvernement a décidé de prendre des mesures économiques dont l’impact est désastreux pour les femmes. En effet, l’effritement des droits sociaux pénalise plus fortement les femmes qui ont des emplois moins bien rémunérés que ceux des hommes ; les femmes ont souvent des jobs à temps partiels et subissent plus souvent des périodes de chômage et des interruptions de carrière. Le « gouvernement Michel » n’a absolument rien fait pour essayer d’atténuer l’effet de ces mesures qui accroît les inégalités bel et bien existantes en Belgique entre les hommes et les femmes. Parce que et contrairement à ce que Monsieur Jambon et Francken aimeraient nous faire croire, l’égalité entre hommes et femmes est encore bien loin d’être une réalité en Belgique ! Dans le monde du travail (2), nous, femmes, sommes 60% des diplômés universitaires mais ne sommes que 6% à occuper des postes de direction. Notre salaire est inférieur à celui des hommes de 10%. Ce pourcentage est de 42% pour celles qui travaillent sous le régime des indépendants (3). Ce sont essentiellement les femmes qui mettent entre parenthèses leur carrière professionnelle pour s’occuper des enfants. Économiquement les femmes sont précarisées par cela à tel point qu’au jour de la pension, elles touchent un tiers de moins que les hommes (4). Or, très peu de mesures positives sont prises par les gouvernements belges successifs. Au contraire : pas de congés de maternité hommes-femmes, peu de places supplémentaires et à prix raisonnable en crèche, pas d’aménagement du temps de travail des hommes afin qu’ils puissent aussi se consacrer à leur famille, pas de quota au niveau du nombre de femmes aux postes de manager, etc. En termes de justice, nous sommes les grandes perdantes puisque trois quarts des procès pour viol sont sans suite. En France, le procès de Jacqueline Sauvage a montré combien la justice était envahie de stéréotypes et de méconnaissances concernant les violences faites aux femmes (5) et rend, dès lors, des jugements iniques. Alors, Monsieur Jambon ; est-ce bien cohérent de nous exhorter à dénoncer les agressions sexuelles dont nous serions victimes ? Sauf à imaginer que la nationalité de l’agresseur vous motive à prendre ce problème au sérieux (6) ? Pourtant en Belgique 36% des femmes sont victimes de violence. Ce phénomène n’est pas nouveau et bien antérieur à l’arrivée de réfugiés Syriens ! D’autant que ces violences se passent pour l’essentiel au sein des familles et , contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les « méchants étrangers » les principaux responsables (7). Si l’idée de cours de comportement à l’égard des femmes voit le jour, ces chiffres démontrent que c’est à l’ensemble de la population que ce cours devrait être donné, à commencer à nos hommes politiques ! Mais plus encore que des cours, ce sont des politiques sérieuses et efficaces en matière d’égalité hommes-femmes que nous demandons avec vigueur. Nous rappelons que la loi dite « gendermainstreaming », adoptée en 2007, n’est toujours pas d’application au fédéral (8). Nous, femmes, nous opposons à l’instrumentalisation que vous, messieurs les politiques, faites de nos droits si mal défendus ni protégés jusqu’à présent, pour légitimer votre politique motivée par des enjeux électoraux. Nous refusons que vous nous utilisiez pour cautionner une politique dangereuse et stigmatisante qui participe à la spirale de violence dans laquelle nous allons être entraînées et que nous refusons d’alimenter. D’autant qu’en définitive, nous en serons les premières victimes. Texte rédigé par Sylvie Olivier, architecte féministe et Aurore Van Opstal, militante/réalisatrice féministe Signé par : Sfia Bouarfa, (PTB), Députée honoraire ancienne sénatrice Sahra Datoussaid, Militante féministe Céline Delforge, Députée bruxelloise, Ecolo Eléonore Dock, jeune féministe Eugenia Fano, Enseignante et présidente de l’asbl le cargox : plate-forme artistique de femmes Pauline Fonsny, Artiste Zoé Genot, Députée régionale ECOLO Julie Jaroszewski, Artiste Zoubida Jellab, Conseillère communale Ecolo Irène Kaufer, Militante féministe Zakia Khattabi, Coprésidente d’Ecolo Deborah Kupperberg, attachée à l’égalité des chances (cfwb) Valérie Lootvoet, directrice de l’Université des Femmes Bérengère Marques Pereira, présidente de l’Université des Femmes Marion Pillé, Artiste Vanessa Matz, Députée fédérale cdH Catherine Moureaux, Députée bruxelloise PS Axelle Red, Artiste Laurence Rosier, Professeure, Université Libre de Bruxelles Simone Susskind, Députée PS au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale (1) http://www.lesoir.be/1087659/articl… (2) http://ec.europa.eu/justice/gender-… (3) http://www.lesoir.be/49712/article/… (4) http://www.fgtb.be/web/guest/files-… (5) http://www.francetvinfo.fr/societe/… (6) http://www.lesoir.be/1087659/articl… (7) http://www.amnesty.be/je-veux-m-inf… (8) http://igvm-iefh.belgium.be/fr/doma… Carte blanche publiée dans le journal Le Soir de ce 14 janvier 2016
Volet « Formation ” du rapport de la commission “Islam de Belgique » – Question d’actualité du 9 décembre 2015
Mme Catherine Moureaux (PS). – Monsieur le Ministre, vous avez entamé des travaux sur l’islam de Belgique en 2013. Au regard de l’actualité, les attentes sont peut-être plus grandes encore. Cette semaine, vous avez reçu les contributions de la commission et vous avez enchaîné immédiatement avec huit propositions à court et moyen terme et un très gros budget 500 000 euros pour 2016 -, ce qui me semble tout à fait adéquat. Il me revient au nom du groupe de vous interroger sur la formation des cadres musulmans. À ce propos, j’aimerais lire une des premières pages du rapport qui dit «Dans le respect du régime des cultes, les pouvoirs peuvent et doivent réagir à la situation d’insuffisance constatée sur base du principe d’égalité entre les cultes reconnus et du droit à la non-discrimination. Si la formation théologique relève exclusivement de la responsabilité de la communauté musulmane, assurée en particulier par l’Exécutif des musulmans de Belgique, la formation séculière des cadres musulmans relève d’une responsabilité partagée de la société et de l’organe chef de culte». C’est particulièrement important. Je sais que vous travaillez en tenant compte du délicat équilibre entre les attentes et le respect à l’égard de la religion musulmane. J’en viens à mes questions concernant l’institut que vous mettrez sur pied dès 2016. Quelles seront précisément ses missions? Quelle sera sa composition? Quel sera l’agenda de ses travaux? Comment seront-ils articulés avec les travaux des commissions de l’ARES? Ses travaux seront-ils intégrés dans une sous-commission existante ou feront-ils l’objet d’une nouvelle souscommission? M. Christos Doulkeridis (Ecolo). – Je regrette qu’il n’ait pas été possible d’ouvrir un débat d’actualité, car les questions sont nombreuses. Nous savions que vous travailliez sur cet enjeu, Monsieur le Ministre, mais les images diffusées dans les médias m’ont surpris. On y voit une conférence de presse consacrée à l’islam de Belgique et trois personnes: M. Marcourt, le professeur Rea et la professeure Tulkens. L’absence de tout représentant du culte musulman, même pour la présentation, est pour le moins étonnante. Je me suis alors dit que j’avais peut-être des préjugés et que la liberté de culte qui prévaut dans notre pays est reconnue par tous, sans aucune raison d’émettre des suppositions sur la foi des uns et des autres. Après tout, l’un des trois serait-il musulman? J’imagine que l’explication doit être de cet ordre. À la lecture des différentes propositions, plusieurs questions me viennent à l’esprit. D’abord, toutes les mosquées et tous les imams ne demandent pas leur reconnaissance. Certaines mosquées sont déjà financées de manière privée. A-t-on analysé si l’ajout de contraintes, même compréhensibles, pourrait entraîner que de moins en moins de mosquées et d’imams ne demandent leur reconnaissance, avec les risques que l’on peut imaginer? Ensuite, en ce qui concerne les professeurs de religion islamique, une formation de deux ans existait déjà, organisée par l’Exécutif des musulmans. Les professeurs qui ont déjà suivi cette formation peuvent légitimement se demander à quoi a servi cette formation de deux ans. Doivent-ils tout reprendre à zéro? En outre, une commission sera mise en place pour fixer le contenu de ces formations. Des femmes siégeront-elles dans cette commission? De manière général, qui sera représenté? Les jeunes de la deuxième génération qui ne sont pas spécialement liés à des ambassades auront-ils aussi une place? Quelle est l’analogie entre les mesures qui sont prises pour le culte islamique et les autres religions du pays? Enfin, on sait que la plupart des professeurs vont perdre une heure de cours, en vertu d’un décret que nous avons adopté et auquel mon groupe a souscrit. Les professeurs vont devoir suivre une nouvelle formation pour ne dispenser qu’une heure de cours ou éventuellement deux, s’ils suivent également la formation en vue d’enseigner le cours de philosophie et de citoyenneté. Des passerelles de ce type seront-elles proposées aux enseignants concernés? M. Jean-Claude Marcourt, vice-président et ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et des Médias. – J’ai suggéré hier que la commission de l’Enseignement supérieur entende les deux coprésidents. Ils révèleront peut-être s’ils ont une conviction et laquelle. Le but n’était pas d’avoir un large débat autour de la problématique. Nous avons fait le choix de propositions politiques, que j’ai personnellement formulées entouré des deux coprésidents et c’est la raison pour laquelle, quoiqu’elles vous aient étonné, Monsieur Doulkeridis, les images me paraissaient néanmoins cohérentes. Il faut être conscient de ce que nous faisons depuis 2013, lorsque j’ai chargé une équipe universitaire de faire un rapport; en 2015, des mesures suggérées par la commission coprésidée par Mme Tulkens et M. Rea ont été mises en oeuvre. Notons que la communauté musulmane est demandeuse. Ce ne sont ni moi, ni les deux coprésidents, ni une quelconque tierce personne, ni les deux corapporteurs qui déclarent «on va vous obliger à vous former». Permettez-moi de donner un exemple: un visiteur de prisons a demandé que des formations soient dispensées. Il disait ne pas disposer des outils didactiques lui permettant, et c’est là tout l’intérêt, de faire le métier qu’on lui demande, notamment de lutter contre le radicalisme: comment faire, par quels moyens, comment parler à un jeune. Une formation lui permettrait aussi d’être mieux reconnu par la hiérarchie pénitentiaire. La formation est donc demandée par tout le monde. On ne va évidemment pas obliger tous les professeurs qui donnent aujourd’hui cours à suivre de nouveau une formation, mais s’ils le souhaitent on, on peut les aider à avancer. Par ailleurs, en parfaite harmonie avec l’Exécutif des musulmans, nous allons mettre en place des cours de français et nous adresser au ministre de la Justice qui peut les rendre obligatoires pour tous les imams. Je pense qu’il y a aujourd’hui, dans la communauté musulmane, une vraie demande que les maillons de la chaîne de pouvoir de toutes les entités, fédérale, régionales et communautaires, s’entendent pour traiter la question de manière globale et homogène, afin de parvenir à cet islam de Belgique ou cet islam belge ancré dans les valeurs qui sont les nôtres, ici sur notre territoire, et qui